jeudi 6 février 2014

Ces loups de mer, suite.

« Sans nos marins, t’es rien que de l’eau »   Les Têtes Raides.
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Piqure de rappel avant d’attaquer dans le vif, nous vous avions parlé de Serge, skipper rencontré à Lanzarote avec lequel nous pensions franchement embarquer sur le cata en convoyage.
Manque de bol pour nous, l’homme qui était pourtant le skipper parfait pour nous former n’embarque que des futurs postulant au titre de capitaine 200 voile, faisant lui-même passer les examens de capitaine. C’est pourquoi il se concentre uniquement sur ses futurs élèves, faisant de la transat une pré-formation incluant le programme entier !!!!  Autant dire que ça ne doit pas rigoler tous les jours!
Beaucoup de ses récits nous ont tenus en haleine, j’en avais noté quelques uns, en voici 2.
Le premier est plutôt rigolo, Serge ne loupe jamais un premier de l’an, s’il est en mer tant mieux, il le fête dignement sur son bateau. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé à croiser un ami au large un 31 décembre, qu’à cela ne tienne, l’un des deux bateau à été mis en remorque, tous les occupants des deux bateaux se sont retrouvé sur le premier afin d’opérer une java et un repas qui laisse rêveur…
Le second est plus impressionnant, lorsqu’on demande à Serge s’il à déjà perdu un équipier à la mer (lui qui dit maitriser la manœuvre du « MOB », man over board), il répond que son compte est positif. C'est-à-dire qu’il n’en a jamais perdu mais en à repêché deux! Le premier en suivant un bateau, il à vu qu’un mec était tombé de l’embarcation et l’a repêché, normal… Le second est plus improbable, arrivé de transat, il découvre avec son équipier, sans en être bien sûr tellement cela parait bizarre, une tête qui sort de l’eau, sans aucun navire en vue, à plus de 7 milles des cotes, 30 minutes avant la tombée de la nuit… après repêchage, il s’avère que l’homme était partit le matin même pour se suicider à la nage, mais avait rapidement changé d’avis… l’à eu chaud!
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02/02/14…

… Sortie du canal, mouillage derrière la digue qui relie Flamenco Island à Panama City…

Nous partons à l’assaut de cette grande ville (nous n’irons pas loin). Sur les morceaux de tôle et de bois qui servent de ponton nous débarquons de l’annexe et tombons sur un bonhomme à l’allure sympathique. Un français, une cinquantaine d’année, la peau usée des marins, les yeux bleus et la queue de cheval. Sans le savoir encore, nous sommes en présence de l’un de ces marins que la mer porte d’escale en escale et qui laisse derrière lui un nom dont on se souvient : Lydéric. Véritablement son nom résonne dans le Pacifique, en toute modestie, c’est une icone de cet Océan.
Retenez le, on entendra parler de lui comme de Moitessier, la légende est déjà en route, le personnage se cache, de plus en plus du monde le cherche en quête d’enseignements ou d’histoires. Heureusement il vient de céder, il naviguera prochainement avec  un couple d’amis qui souhaitent profiter du temps passé avec lui pour coucher sur papier les aventures de Lydéric et en faire un livre.
J’espère que ce projet verra le jour car il protège son anonymat, gardant précieusement secret l’emplacement de l’atoll qu’il occupe! Nationnal  Géographic a déjà fait un reportage sur notre oiseau mais n’a pas respecté son vœu d’anonymat, ce qui l’a retranché dans la méfiance envers les curieux. Voilà pourquoi je ne me permets pas de publier son portrait ni de révéler ou se cache son paradis…
Ces aventures de marins l’ont mené en Polynésie ou il s’est fait un nom, surtout aux Marquises. Là bas il est connu comme le loup blanc, chasseur de bœufs et cochons sauvages (Puaka), expert apnéÏste et de temps à autre « consultant maritime » pour les autorités.  Notoriété grandissante il s’est mis en quête d’une île déserte et il l’a trouvée! Un atoll loin de tout quasi inaccessible pour les non initiés tant la passe d’entrée est dangereuse. En 6 années passées là bas il quand même reçu trois voiliers dont un d’expédition scientifique (qui n’est pas le Tara). Et si d’aventure trop de curieux débarquaient il s’est fait une cabane de secours perchée dans les cocotiers sur une île un peu plus loin.
Lydéric tient à sa solitude! Même s’il l’avoue, chaque fois qu’il croise des enfants en escale cela lui donne de plus en plus envie de transmettre son savoir à une  progéniture… Cherche femme pour Robinson-Crusoade…
Son île fait quand même quelques kilomètres carrés, ponton, cabane de sculpture, et un mur anti tsunami construit à main de 40m par 4 de large et 1 de haut, constitué de coraux maintenus par des filets de pêche et des pieux. Les  coraux ont été récoltés grâce à une barge qu’il s’est faite permettant de remonté les « patates » par lots de 500kg! Il cultive, fume le poisson, chasse la frégate et la tortue, entretien son parc à langouste duquel il tire 25kg par semaine, pêche des poissons, dont les plus gros atteignent près de 80kg, qu’il tire au harpon en apnée jusqu’à 30m de fond (il doit faire mouche du premier coup en tuant sur le coup la bête pour ne pas risquer de se faire emmener) et à subit plusieurs attaques de requins. Tous les ans à la bonne saison il prend 3 mois pour faire le tour de l’île afin de ramasser les œufs de sternes (qu’il conserve grâce à de la paraffine) et les paquets de 2kg de cocaïne qui viennent s’échouer. Entre navigations et repos sur l’île il ne doit regagner l’humanité qu’une fois tous les deux ans pour remplir son bateau de vivres en conserve.  Un quotidien bien remplit en somme… On retrouve beaucoup de Moitessier dans ces récits de pêche, c’est d’ailleurs un maitre pour lui.
Dans ces récit de navigation également, bien sur ses bateaux sont construits de ses 10 doigts, sans moteur, jamais, c’est trahir,  et son principal impératif est de conserver un tirant d’eau de 30cm afin de remonter les rivières, accessoirement passer par dessus le mur sous-marin construit par les  espagnols pour couler les navires anglais à Carthagène, mais aussi pour remonter les platiers. Célèbre pour ça, il lui aura fallu 8 mois pour traverser, seul, celui de Tikiau en tirant à la main et à la barre à mine son bateau pour parcourir les 600m qui donnent sur le lagon. Il habite donc un génialissime dériveur intégral avec quille relevable, mais non lestée. Ce qui lui à valut son dernier naufrage (il en à eu plusieurs avec autant de milles au compteur). Le bateau s’appelait Les Passagers du Vent, départ au lof dans le Pacifique, le bateau s’est retourné et à commencer à se remplir doucement. 14h passées nu, sur la coque, à voir sa peau cloquer au soleil, il s’était préparé au grand plongeon, d’ailleurs il s’était arnaché au bateau pour être sûr d’y rester et d’abréger l’attente… Il avait oublié dans son malheur qu’il avait récupéré une vieille balise ARGOS rouillée sur un bateau abandonné quelques temps plus tôt, persuadé qu’elle était HS. C’est quand l’hélicoptère et un cargo dérouté sont arrivés à son secours qu’il a compris qu’elle avait fonctionnée.
Depuis il s’est reconstruit un dériveur plus aboutit encore, celui que nous avons visité, plein d’astuces d’accastillage et de gréement que l’on ne retrouve pas dans les cours des Glénans. Notamment le long tangon permettant de gérer les deux trinquettes simultanément montées en ciseau sur le même étai… Ou le gennaker du pauvre…
Très agréable rencontre donc, même si Lydéric est conscient de l’émotion qu’il provoque quand il raconte ses récits, il nous à tenu en haleine toute la journée, depuis notre rencontre le matin sur le ponton jusqu’en fin de soirée après avoir mangé sur son bateau.

Cette rencontre à été un coup dur pour Marc puisque Céline risque fort de ne pas partir avec lui, préférant donner suite à l’invitation de Lydéric, ainsi partira t-elle avec « le Maitre » jusqu’à l’atoll secret en faisant escale aux Gambiers! Nous sommes jaloux d’elle, que cet embarquement soit une belle expérience et qu’elle nous en fasse profiter!


Je trouve qu'il n'est pas convenable de terminer un article sans y mettre d'images. Si comme moi vous ne lisez que des livres ilustrés comme Babar ou Petit Ours Brun.
Je vous propose donc quelques magnifiques plantés d'étraves piqués dans un magasine.







5 commentaires:

  1. Super portrait du sieur Lydéric, géant des océans! On saisit bien le personnage, beau travail d'écriture. We want more!

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  2. Réponses
    1. ah ben ça pour une surprise!!!!
      la suite arrive, patience, on est trop occupé à récurer les bateaux des autres pour passer le temps...
      on va s'y remettre un de ces 4!
      merci pour les commentaires, bonjour chez toi!!!!!!!

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  3. Salut les rois du voyage
    Un petit bonjour de france, je rejoins marc la semaine prochaine pour un convoyage
    Je vois que tout se passe bien , c est genial et j en suis tres heureux pour vous.
    A bientot j espere
    Ced

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  4. génial on n 'avait plus tes coordonées, Sim tarde à nous les donner, quand tu laisse un message je n'ai pas ton adresse mail, envoie la moi à tob@live.fr
    on a plein de choses à te dire!!!!
    a bientot Cedric!!!

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