vendredi 8 juillet 2016

Tahiti → Tahiti

« Merci, atterrissage merci », transmettent les haut parleurs dans la carlingue alors que l’avion s’apprête à se poser sur la piste d’Atuona. Je me serai interrogé longtemps sur le fait que le pilote remercie deux fois avant chaque envol ou atterrissage…

Il fait bien 10°de plus qu’a Tahiti ici, je suis bien content de retrouver la fournaise marquisienne et ma petite puce après 2 longs mois d’absence! Rien n’à changé dans le village calme d’Atuona, je retrouve Julien et tous les habitants de sa maison, des 8 précédents « squatteurs » il ne reste plus que Sonia et Clément. J’ai manifestement loupé quelques grands moments de ce haut lieu de convivialité, chacun y va de son souvenir préféré en me racontant ce qui s’y est passé, je constate les vestiges de projets de construction de distributeur de croquettes pour chats (la version avec carte électronique et localisation satellite, si si), le filet de volley, la piste de belotte coinchée, le piège à poules un peu plus usé, la présence d’une planche de surf,… Ces mêmes bons moments qui ont couté au pauvre Julien une note service à la direction de la santé faisant mention «d’hébergement de gens de type voileux dans un logement de fonction», maudissant ainsi le fautif durant le reste de son contrat… Sympa l’ambiance au boulot!

je retrouve aussi Armagédon, notre
Worms apprivoisé qui habite à bord

Heureusement les baignades de fin  de journées sont toujours de rigueur après une partie de volley, on se sent vraiment bien ici avec ces gens, seulement l’heure du départ est proche, il ne nous reste qu’une poignée de jours pour «désenliser» Arumbaya de sa vasière, inerte depuis plus de 3 mois, et préparer la grande nav qui nous attend. D’autant que nous venons de céder à la demande de Clément et Sonia, bateau-stoppeurs jusqu’à Tahiti, qui s’ajoute à celle de Pam et sa copine pour la partie Fakarava-Tahiti. Raté pour la nav en amoureux, on en profite alors pour passer du temps avec les copains, c'est cool!
On dégrippe donc notre fier esquif, l’ancre arrière est extirpée avec ses 30m de d’amarres couvertes d’algues et de coquillages, nous partons mouiller en eau moins trouble à l’entrée du port, l’hélice, disparue sous une épaisse croute de berniques a autant d’effet que si l’avait remplacée par un parpaing, le bateau tremble et il faut monter à 2500 tours pour atteindre 1 nœud… Du boulot sous la coque donc!
Coté pont, du nouveau! Tout est rassemblé pour remonter nos chandeliers redressés, et surtout, grande gloire à Arumbaya qui retrouve l’étanchéité de son carré grâce au troisième collage du hublot de pont, défaillant depuis 1 an. Je pense à Ronan qui devrait lire ca avec le sourire…
Petit bout d’essai à Tahuata avec nos équipiers, juste le temps de pouvoir m’essayer à la conduite du Poti Marara (speed boat de pêche local) avec Clément sur quelque milles à la suite d’une improbable rencontre. Là je pense à Bé…

Puis Départ!!!

Pas évident de laisser Julien tout seul, sa Julie étant toujours en vacances en France, il va nous manquer le bougre, lui et son île…

Sonia et Clément, au top!

Première escale express : Fatu Hiva. La super fenêtre météo pour les Tuamotus est déjà bien entamé, il serait ambitieux de rester ici plus de 24 heures si ne veut pas s’encrouter dans la pétole à mi chemin. Fatu Hiva a tout pour ravir, jusqu’au robinet d’eau de source sur le quai! On vidange tout nos contenants pour les remplir d’eau fraiche, on embarque 500L en quatre trajets à la rame, l’hélice du moteur de l’annexe ayant décidé de nous lâcher dans ce moment crucial.
Le programme est quasiment le même qu’avec Bertrand, la version arumbayenne est juste plus expéditive. 580 milles direction Fakarava. 15-20 nœuds au grand largue, un seul grain pour toute la nav, on avance bien, dans le confort et en simplicité avec le génois seul et bien gonflé. La GV permet de gagner 0,3 nœuds en déventant le génois qui bât… Vite choisit! A la rigueur on n’aurait pas craché sur l’utilisation du tangon si le rail à cloche n’était pas sur le point de se faire la malle… Arumbaya à l’air d’apprécier de se remettre en selle, en revanche certains de ses équipements nous font la gueule, bricolage en mer... La pompe d’eau de mer, celle qui refroidit le moteur pisse tant et plus qu’elle nous remplit la gâte en 2h les jours de grande forme, recouvrant le moteur d’une épaise croute de sel. La fuite vient de la cage à roulements, en creusant je m’arrête au circlips qui retient le premier roulement puis suis pris d’un doute… J’imagine les billes du roulement s’échapper à mon insu  et se disperser dans les entrailles du bateau, a la gite. Réflexion faite je vais laisser la pompe fuir, au moins elle fonctionne même si elle en fout à coté, à la place nous bricolons une pompe de gâte avec Clément. La batterie moteur décline, il faut dire que je lui ai mis une claque en me plantant et en la faisant travailler les trois premières nuits à la place du parc à batteries de service. L’interrupteur du guideau m’est aussi resté dans les mains en remontant l’ancre. Le hublot de la salle de bain à perdu une vis, tombée dans l’évier, en démontant le siphon son plastique cuit à rendu l’âme. Un autre hublot de pont s’est fendu, à changer. Et enfin, le top, c’est le grincement sinistre du mât qui s’accentue de mille en mille… Appel à gréeurs et marins : on veut bien l’aide d’une personne qualifiée en gréement Bergström Ridder, comprendre gréement sans patara avec mât cintré tendu et bridé jusqu’au point de bôme par une paire de barres poussantes, faisant office de trépied. C’est bien de ses barres que vient le problème, elles ont pris du jeu. Un bricolage en mer s’est imposé pour comprimer leur jeu à l’aide de ridoirs. Prochaine mission : refaire les rotules de liaison de barres… en inox… maison si possible… Ronan me manque…

Sinon ca va. A part ca.

La navigation et la cohabitation avec Sonia et clément se font naturellement, boulangerie, pêche, grande cuisine, nos nouveaux équipiers sont plein de ressources face aux fourneaux, je ne fréquenterai quasiment pas la cuisine pendant leur séjour! Même si qualifierai plus tard clément de terroriste lorsque j’ai perçu ce qui m’est parvenu comme un « Allahu Akbar » échappé de sa barbe, après avoir saboté son omelette et libéré 8 œufs frais, glissant à cause de la gite sur plan de travail  puis disparaissant dans la fente derrière le frigo, aspirés par la mousse expansive de ce lieu inexplorable… no comment…
En fait le vrai leitmotiv de cette cohabitation est sans conteste la belotte coinchée! J’avoue avoir été un peu sceptique au début mais ca y est je suis accro! Une dose quotidienne minimum! Drogués à la coinche…


Après un super bord de 500 milles rapide et efficace nous devons anticiper les 30 derniers en arisant et déréglant les voiles toute la nuit afin de nous présenter à l’étal de 7h00 le matin du cinquième jour devant la passe sud de Faka. La passe du mur de requins.
Aucun problème pour franchir la passe cette fois, le calme matinal de l’étal berce les habitants qui prennent le café sur les pontons de bois, nous jetons l’ancre. Notre problème de hors-bord nous interdit d’aller jouer dans la passe avec l’annexe, on se contentera de mini dérivante en snorkeling le long du tombant. Deb, Sonia et Clément font leurs premières brasses avec les requins et les gros napoléons. On devra se satisfaire de ca, Pam et Sarah arrivent demain par l’avion, au nord de l’atoll.

Allez, 26 milles au galop pour Arumabya, génois et soleil. On chope les filles en fin de journée, apéro!!!

Forts de ces 2 médecins belges à bord, voici le moment d’exposer nos bobos purulents, Deb et moi traînons quelques cratères dont l’éruption est intarissable et dont il semble que nous ayons le secret, Pam rend visite au dispensaire afin de trouver un traitement antibiotique plus adéquat que nos vieux pansements usagers…
J’en profite pour mettre dans un coin de ma tête quelques expressions wallonnes comme «ca coute un pont», «afoner» (faire des a fond) : boire sa bière cul sec sans gorgées, ou encore «on n’vique nin co si mau po’ des p’tit ovri» : on n’est pas encore si mal pour des petits ouvriers. Merci à la grand-mère de Pam pour la dernière!


C'est ou??? C'est le pied!

Sainte météo, chaque escale à Faka nord se paie d’une vilaine dépression on dirait… Pluie et gros vent… Les trajets à terre face au vent à la rame sont oubliés, 36h enfermés à 6 à bord, jeux de société et lecture, bof la Polynésie. Même si le vent ne faiblit pas, le soleil prend le dessus et nous passons nos journées à terre, entre ballades et visites à Faka Services pour l’internet, la location de vélo et l’accueil sympa d’Aldrik et Stephanie. 









La ferme perlière







pause coco

Sarah et Pam



Une dernière soirée dans l’atoll, petit restaurant de poisson cru. Juste ce qu’il faut pour donner envie de pousser un petit coup de gueule. Après le terme choisit de «type voileux». Après les rappels des policiers municipaux aux voiliers de s’acquitter d’une taxe malsaine de 20 euros/semaine pour aucun service, sinon le droit de dépôt des ordures à terre, à laquelle les locaux et touristes en pension sont exonérés, pour finalement voir étalés les sacs poubelles dans une décharge à ciel ouvert dans un coin de l’atoll (au moins avant on avait simplement interdiction de les décharger dans les atolls, ce que nous continuons à faire pour esquiver la taxe). Maintenant l’addition du restaurant est doublée pour certains plats à ce seul motif : «parce que vous êtes sur un bateau»… Ca me fait un peu soucis, non pas que je refuse de payer, si c’est justifié, mais on dirait que les temps à venir vont être moins agréables pour les navigateurs non rentiers qui ne brandissent pas liasses de billets au moindre service.
Heureusement on peut encore compter sur la majorité des polynésiens dont le comportement est toujours à nos yeux un exemple d’hospitalité et de convivialité!


Allez, il est temps de naviguer, une longue liste de travaux nous attend avant de recevoir notre prochain lot d’équipiers, des recrues attendues!!! On se réserve donc une semaine de remise à niveau à Papeete. Franchissement de la passe nord sans encombre, à coté de nous des thons sautent hors de l’eau en chassant, notre ligne est décevante, elle n’appâtera qu’une bonite. Seule consolation, c’est notre première prise qui n’est pas un thazard! Rapidement il apparait que la météo annoncée ne prévoyait pas autant de vent, difficile à dire sans anémomètre, au pif je dirai dans les 30 bons nœuds pendant 11h, durant lesquels Arumbaya avec peu de toile (tous les ris dans la GV et le génois) nous fera parcourir 66 milles. Super moyenne donc, c’est notre record dans la durée. Le reste se fera plus normalement en renouant avec des moyennes de 5 nœuds. Dès le début de la seconde nuit les lumières de Tahiti illuminent les nuages, l’arrivée est proche.

La douche en nav

vie à bord


Tahiti

Papeete

Derniers exercices de mises à quai, d’abord à la marina de Papeete pour débarquer les filles, puis après la traversée du chenal de l’aéroport, au quai de la marina Taina pour débarquer Clément et Sonia et enfin mouillage un peu plus loin. C’est le calme plat, pas de vent, on se retrouve tous les 2 dans notre gigantesque bordel qu’est devenu le bateau après 2 jours de mer à 6. On se motive, grand ménage et fin de journée tranquille, demain on attaque…

L'équipe au complet

Taina, notre nouveau mouillage avec vue sur Moorea

La ville... Ca change des Marquises!

On est déjà jeudi, 4 jours qu’on est ici, la fuite moteur est contenue après la remise en état intégrale de la pompe en question, le moteur nettoyé de son sel et de sa crasse, en faisant du zèle je suis allé jusqu'à changer le joint du cache culbuteur, finit les fuites d’huiles aussi! (Ronan appréciera). Le moteur hors-bord jouit d’une hélice neuve, pour le reste des gros travaux on attendra notre premier chèque d’Yvan.


Nous n’avons plus qu’à faire un bateau propre pour l’arrivée dans 4 jours de Mère et François. C’est la première visite de la famille depuis presque 3 ans, inutile de vous en dire plus sur notre état, on est excité comme des (petites) puces!!!!

Alors s’il vous plait, ils n’auront surement pas le temps de lire ces lignes avant de monter dans l’avion, n’allez pas leur dire que le mât grince et qu’un détestable fumet de 8 œufs en décomposition règne à bord! Merci!