vendredi 7 mars 2014

Galapagogos

25/02
Nous tenons le cap vers les Galapagos depuis plus de 36h maintenant, par ou commencer ?
Le bateau, Fountaine Pajot, Bahia 46. Il faut bien reconnaitre les nombreux avantages du catamaran, la vitesse, le confort, l’espace de vie, un cockpit à l’ombre et un poste de quart digne d’un avion de chasse avec fauteuil de quart… Pour l’instant nous ne parvenons pas à trouver d’inconvénient à ce navire.  On verra quand la mer sera plus grosse car à part les premières 24h un peu venteuses permettant de tester un minimum l’engin, le vent n’a pas l’air bien décidé et nos fichiers GRIB (météo) n’en laisse à peine présager. Nous sommes en pleine ZCI, comprendre zone de convergence intertropicale, ou calme plat, guère de vent, point de houle, soleil de plomb. Pour finir de planter le décor, j’ajouterai ce formidable départ dans les eaux poissonneuses et riches ou nous assistons à des sauts de raies, jusqu’à plus de 2 mètres de haut, gros bestiaux, nous hallucinons, mais encore des groupes de dauphins, des fous de bassant,  des pélicans en hordes plongeant et tombant en pluie dans l’eau pour pêcher…




A bord nous sommes 6, Amos et son ami Ran, accompagnés de leur femmes Anat et Maya qui débarqueront aux Galapagos, nous laissant tous les 4 pour la grande traversée. La moyenne d’age est très élevée, ce qui n’est pas un problème en soi, nous regrettons plus le manque de communication et d’échange avec eux, ce que nous avions sous estimé. L’hébreux à beau être une belle langue, nous n’en saisissons pas un mot, à part ce très rigolo « baisera ta chèvre » qui veut dire « dieu te protège » ou une bondieuserie dans le genre…  Nous n’échangeons en Anglais que pour la navigation et les banalités et politesses de rigueur.





L’idée d’être parti avec  2000$ d’avitaillement dont 1/3 de produits ménagers et 1/3 de saloperies dégueulasses commence à peine à être digérée. Nous bouillons chaque fois que l’on nous demande de tenir les restrictions (comme pour le petit dèj’) alors que l’on dispose d’un congélateur plein et d’un désalinisateur offrant 280L/h. Ajoutons à cela la tonne d’eau douce en cuve et l’autre tonne de gasoil, un lave linge et un sèche linge histoire de perdre un peu de place, nous n’avons jamais vu autant d’autonomie. Quelques doutes de notre part concernant le stock subsiste, le ½ mètre cube de fruits et légumes risque fort de pourrir avant qu’on n’en voit le fond et les quelques kg de pates et de riz qui se battent dans un tiroir nous semblent bien ridicules, mais que voulez vous, on n’a pas eu notre mot à dire sur les provisions.
Bref, on va pas cracher dans la soupe, cet embarquement est une mine d’or, on ne paye qu’un tiers de la bouffe (on arrive quand même à se nourrir) mais surtout notre apprentissage en prend un bon coup. Amos a de nombreux faits d’armes sur les eaux de globe, doit avoir l’équivalent du capitaine 500 et nous explique calmement chaque manœuvre qu’il anticipe et chacune de ses réflexions concernant la navigation. C’est de loin notre meilleur compagnon à bord et il nous apprécie également.

La sécurité est de rigueur, on ne rigole pas avec les quart ici! De jour comme de nuit il faut en permanence quelqu’un devant les commandes répertoriant chaque faits, position, changement de vent, voltmètre, … dans le cahier de bord. En plus du radar, de l’AIS, la BLU, les 2 VHF, les 2 téléphones satellite à usage illimité (car sponsorisé), il convient de scruter minutieusement l’horizon  360° aux jumelles ou aux lunettes à vision nocturnes de l’armée israélienne toutes les 7 minutes maximum, espace de temps pendant lequel on peut se faire surprendre par un navire évoluant à 20 nœuds… discutable…

Vous aurez compris, nous hallucinons totalement sur l’équipement à bord et le manque de place qu’on laisse au hasard, du jamais vu pour nous. D’autant que l’on nous propose d’enfiler pendant les quarts un bracelet d’homme à la mer relié par GPS au bateau, un gilet de sauvetage harnaché au poste de quart également relié par GPS mais en plus comprenant un système ARGOS intégré (comme les balises). Bon, celui là on a refusé de le porter,  faut pas déconner non plus! Et quand bien même on tomberai à l’eau à poil, on nous balancerai pas moins de 2 bouées avec flashs, 2 perches avec Flashs et drapeaux, 1 Dan Buoy comprenant la technologie GPS ou encore 2 survies automatiques comprenant bouffe, désalinisateur, passeports, systèmes de nav,… Ma foi si on laisse notre peau dans le Pacifique c’est que le sort se sera bien acharné

Nous poursuivons donc ainsi notre route à travers la pétole, les Galapagos sont à 700 milles droit devant, encore 5 , peut êtrte 6 jours.



joyeux joujou que ces lunettes à vision nocturne!


29/02

Zone convergence ou «pot au noir », bizarrerie géographique pour les uns, bizarrerie météorologique pour les autres. La girouette fait ses 2 tours de boussole par jours, le vent passe de la pétole à ses 17 nœuds sans prévenir puis retombe rapidement… A n’y rien comprendre, on monte et descend les voiles, on crame au soleil puis on se protège de la pluie accompagnée d’éclairs….
Bizarrerie tout court. Les jours se suivent ainsi je ne sais plus comment occuper la mine de mon crayon sur mon carnet rempli de plans du futur camion et je peine à trouver l’inspiration. Tiens voilà, puisque ça plait à Yannick je vais tenter quelques portraits, qui ne seront pas à l’honneur de leurs candidats.

Commençons par le capitaine, Amos. Derrière ses airs de gros nounours calme, bien portant et bien joufflu se cache un potentiel d’anxiété qui surprend pour un marin chevronné. Il est animé d’une réflexion incessante qu’il met au service de la sécurité. Il surveille, dans tous les domaines, lorsqu’on fume à moins de 5 mètres d’une soute contenant un bidon d’essence hermétiquement clos, lorsqu’on quitte la mer des yeux quelques instants, chaque chose à sa place, bien à l’abri d’une chute, d’un incendie, d’une éventuelle attaque de dinosaure,… Ainsi nous ne mettrons pas un orteil dans l’eau durant la navigation, ne sait-on jamais, les REQUINS!!!!!! Ah c’est triste quelque part de voir gâcher le plaisir d’un homme par toutes ces précautions poussées à l’extrême, comme cet inqualifiable cache nez en plastique pendant aux lunettes de soleil pour éviter le surplus de bronzage. Il n’en reste pas moins agréable en dehors de ces petites crises de multiples vérifications du bon ordre des choses. Son voyage à été préparé, réfléchi (vous imaginez bien), nul place au doute, si bien que nous pouvons nous concentrer sur notre « formation », chaque jour un petit peu plus, la voile, la nav, l’entretien et la gestion du bateau. Souvent nous avons l’impression même qu’il tire un peu trop sur la corde, mais c’est oublié lorsqu’il abat sur nous une pluie de félicitations et de remerciements. Il est un bon parleur, on devine qu’il à préparé chaque phrase et pesé chaque mot avant d’intervenir, toujours avec calme, la voix posée. Evidement c’est une compagnie spéciale pour partir à l’assaut de 2 mois de mer mais qui mérite que l’on s’y attarde, nous avons beaucoup à apprendre de lui, en prenant soins de respecter d’indispensables périodes d’isolations sans lesquelles, plus qu’une lassitude, une mutinerie pourrait éclater.

Au tour de Ran maintenant, notre bête noire. Il est de ces gens dont on devine immédiatement à son comportement et à ses airs suffisants que nous ne sommes pas du même bord politique ou moral. C’est comme ça, il sent l’argent, le dédain des plus faibles, il n’a pas son pareil pour snober ceux qu’il doit certainement qualifier de larbins à son service dans les restos ou les marinas. Il provoque chez nous deux une irritation incessante qu’il entretient dans quasiment chacune de ses paroles, de ses gestes. Il s’est octroyé le rôle de père à bord, nous interdisant des choses comme à des gamins, avec une manière de nous adresser la parole comme un parent menaçant sa progéniture en comptant jusqu’à trois pour faire lâcher son bout de pain au motif que l’on va bientôt manger. Nous tenons bon, nous tenons tête. Je crois qu’il doit dire de nous que nous sommes en pleine crise d’adolescence. Si bien que nos échanges sont quasi nuls, nous n’en ressentons point le besoin, nous nous contentons de le regarder se servir en premier à chaque tablée, se goinfrer, sans aucune notion du partage, sauf quand celui-ci est en sa défaveur, là, il l’ouvre. Et ça en fout partout, ça balance le plastique et l’aluminium par-dessus bord, sa rechigne à la tâche,… Des rares discutions nous cernons un peu plus le personnage, amoureux du vin dégueulasse dont il se dit expert, amoureux de « la villageoise » et économiste de profession, lorsque on aborde le sujet des retraites en France il explique nous autres pauvres ruinons notre économie, lui qui vante la retraite à 67ans en Israël dont 3 au service militaire pour faire la misère à ces palestiniens; et autres banalités faisant du social le fléau majeur… Ainsi nous ne loupons pas une occasion de rappeler que nous vivons tels des gitans dans un camion, volant l’eau dans les cimetières et l’électricité aux lampadaires, c’est notre petite vengeance. Etant cependant amené à vivre ensemble un petit bout de temps, nous faisant des efforts de communications le temps d’une cigarette, pendant que lui s’envoie son cigare gros comme mon avant bras accompagné de son sacro-saint whisky. La langue est certainement une barrière à notre entente car il semblerait que les autres l’apprécient surtout pour son humour, hélas nous ne saisissons rien… Ca pourrait être une base pour un nouveau départ…

Je ferais des deux femmes un portait commun pour conclure. Anat et Maya. Le commencement fut très froid pour Déborah qui à failli en venir aux larmes pendant les 5 heures de supermarché pour l’avitaillement, réservé aux femmes, naturellement. 5 heures à n’entendre parler qu’hébreux, les suivant comme un toutou et se faisant reprendre à chaque initiative de sa part… Douloureux! Depuis que nous sommes en mer nous devons bien reconnaitre qu’elles sont passées de sorcières à fées. Elles sont en quelques sorte notre fusible, toujours souriantes, de bonne humeur, toujours partantes pour une partie de carte, un jeu, une discution en français faisant remonter leurs souvenir de l’école. Elles font la bouffe et le ménage plus souvent qu’a leur tour, sont aux petits soins avec nous, mielleuses.


Voilà la tableau. Alors je me mets à votre place, vous vous demandez surement ce qu’on fait à bord d’Amosea Island, serions nous pris d’une folie masochiste? D’autant que les femmes prendront l’avion pour regagner Israël une fois rendu aux Galapagos, nous laissant que nous 4. Je crois que nous l’ignorons nous même. Une part d’entre nous a envie d’attaquer le Pacifique, voilà trop longtemps que nous croupissions en terriens. Avec l’expérience de tous les embarquements foireux précédents, nous souhaitions embarquer sur un bateau préparé, pour voir, sous estimant le coté humain surement. 

02/03
Fait notable, à 16h, ancienne heure Panaméenne, à 77 milles des îles équatoriennes, nous venons de franchir l'équateur. Nous naviguons à présent dans l'hémisphère sud.

Durant mon quart de nuit je perçois des odeurs, un mélange de bruyères et de dunes de la bergères, petites notes de guano par dessus, grace aux lunettes de nuit j'aperçois la silhouette verte des cotes, des oiseaux volent autour du bateau.

03/03

Ca y est, levé du jour, nous y sommes, GALAPAGOS!!!!



Et devinez qui est arrivé juste avant nous au mouillage?
Yvan Bourgnon faisant déjà connaissance avec les otaries!


Aussitôt à terre nous nous tordons de rire en étudiant
les otaries, c'est certain, Caya a des gènes équatoriens!
Trop de similitudes dans les expressions.

quelques pieds de cactus


Nous revoyons rapidement toute l'équipe du "defi d'Yvan Bourgnon", grand plaisir de les revoir tous! Ils partent justement à la découverte de la faune, nous sautons dans leur 4x4, excurtion entre français...








Quelques interviews du principal intéressé rythme la journée...
sponsors oblige...











Si on les laisse faire le pont du bateau serait envahi, mais
c'est si mignon!!!

si elles ne passent pas la nuit sur un bateau, c'est sur la plage.
Le bateau est maintenant vide d’israéliens, tous sont partis en excursion à la rencontre des autres îles de l’archipel, en tour opérator à environ 3000$ la semaine, inaccessible pour nous. Nous passons donc une semaine à bord du bateau, un peu de temps rien que pour nous, bien mérité et bienfaisant! Pas d’inquiétude cependant, une liste de choses à bricoler ou à astiquer nous à bien été donnée au cas ou on ne saurait pas comment occuper notre temps…

Quelques prérogatives quand on arrive aux Galapagos. En tant qu’équipier notre visa nous coute 110$, raisonnable, en tant que capitaine c’est moins cool, Amos a lâché pas moins de 1300$ pour le bateau… Il faut savoir que de agents du parc national vont venir à bord, contrôler qu’il n’y ai pas de plantes vertes ou d’animaux par exemple pendant que des plongeurs inspecteront la coque à l’affut de toute algue ou coquillage indésirable qui pourrait vous voir refouler votre entrée dans le territoire. Pensez donc à gratter votre coque avant!
Cependant nous sommes arrivé un trois mars, c’était férié jusqu’au 4 inclus, durant cette période il n’y a ni contrôle du bateau ni des personnes, on peut donc truander et faire escale gratuitement pendant cette période de carnaval… si jamais…

Ce matin, 07/03, Yvan prenait le large, nous avons été saluer l’équipe comme il se doit, le petit catamaran s’éloignant puis faisant demi tour… Aie, souci électrique! Notre aide est requise, c’est avec plaisir que nous participons et 1 heure plus tard les voiles des deux bateaux gagnaient le large pour de bon, rendez vous aux Marquises !!!!







3 commentaires:

  1. vous avez nagés avec les dauphins?

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour ces portraits, et pour ceux des otaries et des iguanes aussi! Le conflit israélo-vendéen jusque sur le pacifique...Mutinerie!

    RépondreSupprimer
  3. Il y a du bon et du mauvais sur chaque embarquement. Le bateau parfait n'existe pas... Je placerais quand même une dédicace très spéciale à Marc du Queen Speed Mary qui reste la crème des crèmes des marins.

    RépondreSupprimer