« Merci, atterrissage merci », transmettent les
haut parleurs dans la carlingue alors que l’avion s’apprête à se poser sur la
piste d’Atuona. Je me serai interrogé longtemps sur le fait que le pilote
remercie deux fois avant chaque envol ou atterrissage…
Il fait bien 10°de plus qu’a
Tahiti ici, je suis bien content de retrouver la fournaise marquisienne et ma
petite puce après 2 longs mois d’absence! Rien n’à changé dans le village calme
d’Atuona, je retrouve Julien et tous les habitants de sa maison, des 8
précédents « squatteurs » il ne reste plus que Sonia et Clément. J’ai
manifestement loupé quelques grands moments de ce haut lieu de convivialité,
chacun y va de son souvenir préféré en me racontant ce qui s’y est passé, je
constate les vestiges de projets de construction de distributeur de croquettes
pour chats (la version avec carte électronique et localisation satellite, si
si), le filet de volley, la piste de belotte coinchée, le piège à poules un peu
plus usé, la présence d’une planche de surf,… Ces mêmes bons moments qui ont
couté au pauvre Julien une note service à la direction de la santé faisant
mention «d’hébergement de gens de type voileux dans un logement de fonction»,
maudissant ainsi le fautif durant le reste de son contrat… Sympa l’ambiance au
boulot!
je retrouve aussi Armagédon, notre Worms apprivoisé qui habite à bord |
Heureusement les baignades de
fin de journées sont toujours de rigueur
après une partie de volley, on se sent vraiment bien ici avec ces gens,
seulement l’heure du départ est proche, il ne nous reste qu’une poignée de
jours pour «désenliser» Arumbaya de sa vasière, inerte depuis plus de 3 mois,
et préparer la grande nav qui nous attend. D’autant que nous venons de céder à
la demande de Clément et Sonia, bateau-stoppeurs jusqu’à Tahiti, qui s’ajoute à
celle de Pam et sa copine pour la partie Fakarava-Tahiti. Raté pour la nav en
amoureux, on en profite alors pour passer du temps avec les copains, c'est cool!
On dégrippe donc notre fier
esquif, l’ancre arrière est extirpée avec ses 30m de d’amarres couvertes
d’algues et de coquillages, nous partons mouiller en eau moins trouble à
l’entrée du port, l’hélice, disparue sous une épaisse croute de berniques a
autant d’effet que si l’avait remplacée par un parpaing, le bateau tremble et
il faut monter à 2500 tours pour atteindre 1 nœud… Du boulot sous la coque
donc!
Coté pont, du nouveau! Tout
est rassemblé pour remonter nos chandeliers redressés, et surtout, grande
gloire à Arumbaya qui retrouve l’étanchéité de son carré grâce au troisième
collage du hublot de pont, défaillant depuis 1 an. Je pense à Ronan qui devrait
lire ca avec le sourire…
Petit bout d’essai à Tahuata
avec nos équipiers, juste le temps de pouvoir m’essayer à la conduite du Poti
Marara (speed boat de pêche local) avec Clément sur quelque milles à la suite
d’une improbable rencontre. Là je pense à Bé…
Puis Départ!!!
Pas évident de laisser Julien
tout seul, sa Julie étant toujours en vacances en France, il va nous manquer le
bougre, lui et son île…
Sonia et Clément, au top! |
Première escale express : Fatu
Hiva. La super fenêtre météo pour les Tuamotus est déjà bien entamé, il serait
ambitieux de rester ici plus de 24 heures si ne veut pas s’encrouter dans la
pétole à mi chemin. Fatu Hiva a tout pour ravir, jusqu’au robinet d’eau de
source sur le quai! On vidange tout nos contenants pour les remplir d’eau
fraiche, on embarque 500L en quatre trajets à la rame, l’hélice du moteur de
l’annexe ayant décidé de nous lâcher dans ce moment crucial.
Le programme est quasiment le
même qu’avec Bertrand, la version arumbayenne est juste plus expéditive. 580
milles direction Fakarava. 15-20 nœuds au grand largue, un seul grain pour
toute la nav, on avance bien, dans le confort et en simplicité avec le génois
seul et bien gonflé. La GV permet de gagner 0,3 nœuds en déventant le génois
qui bât… Vite choisit! A la rigueur on n’aurait pas craché sur l’utilisation du
tangon si le rail à cloche n’était pas sur le point de se faire la malle…
Arumbaya à l’air d’apprécier de se remettre en selle, en revanche certains de
ses équipements nous font la gueule, bricolage en mer... La pompe d’eau de mer,
celle qui refroidit le moteur pisse tant et plus qu’elle nous remplit la gâte
en 2h les jours de grande forme, recouvrant le moteur d’une épaise croute de
sel. La fuite vient de la cage à roulements, en creusant je m’arrête au
circlips qui retient le premier roulement puis suis pris d’un doute… J’imagine
les billes du roulement s’échapper à mon insu
et se disperser dans les entrailles du bateau, a la gite. Réflexion
faite je vais laisser la pompe fuir, au moins elle fonctionne même si elle en
fout à coté, à la place nous bricolons une pompe de gâte avec Clément. La
batterie moteur décline, il faut dire que je lui ai mis une claque en me
plantant et en la faisant travailler les trois premières nuits à la place du
parc à batteries de service. L’interrupteur du guideau m’est aussi resté dans
les mains en remontant l’ancre. Le hublot de la salle de bain à perdu une vis,
tombée dans l’évier, en démontant le siphon son plastique cuit à rendu l’âme.
Un autre hublot de pont s’est fendu, à changer. Et enfin, le top, c’est le
grincement sinistre du mât qui s’accentue de mille en mille… Appel à gréeurs et
marins : on veut bien l’aide d’une personne qualifiée en gréement Bergström
Ridder, comprendre gréement sans patara avec mât cintré tendu et bridé jusqu’au
point de bôme par une paire de barres poussantes, faisant office de trépied.
C’est bien de ses barres que vient le problème, elles ont pris du jeu. Un bricolage
en mer s’est imposé pour comprimer leur jeu à l’aide de ridoirs. Prochaine
mission : refaire les rotules de liaison de barres… en inox… maison si
possible… Ronan me manque…
Sinon ca va. A part ca.
La navigation et la
cohabitation avec Sonia et clément se font naturellement, boulangerie, pêche,
grande cuisine, nos nouveaux équipiers sont plein de ressources face aux
fourneaux, je ne fréquenterai quasiment pas la cuisine pendant leur séjour!
Même si qualifierai plus tard clément de terroriste lorsque j’ai perçu ce qui m’est
parvenu comme un « Allahu Akbar » échappé de sa barbe, après avoir
saboté son omelette et libéré 8 œufs frais, glissant à cause de la
gite sur plan de travail puis disparaissant dans la fente derrière le frigo, aspirés par la
mousse expansive de ce lieu inexplorable… no comment…
En fait le vrai leitmotiv de
cette cohabitation est sans conteste la belotte coinchée! J’avoue avoir été un
peu sceptique au début mais ca y est je suis accro! Une dose quotidienne
minimum! Drogués à la coinche…
Après un super bord de 500
milles rapide et efficace nous devons anticiper les 30 derniers en arisant et
déréglant les voiles toute la nuit afin de nous présenter à l’étal de 7h00 le
matin du cinquième jour devant la passe sud de Faka. La passe du mur de requins.
Aucun problème pour franchir
la passe cette fois, le calme matinal de l’étal berce les habitants qui
prennent le café sur les pontons de bois, nous jetons l’ancre. Notre problème
de hors-bord nous interdit d’aller jouer dans la passe avec l’annexe, on se
contentera de mini dérivante en snorkeling le long du tombant. Deb, Sonia et
Clément font leurs premières brasses avec les requins et les gros napoléons. On
devra se satisfaire de ca, Pam et Sarah arrivent demain par l’avion, au nord de
l’atoll.
Allez, 26 milles au galop pour
Arumabya, génois et soleil. On chope les filles en fin de journée, apéro!!!
Forts de ces 2 médecins belges
à bord, voici le moment d’exposer nos bobos purulents, Deb et moi traînons
quelques cratères dont l’éruption est intarissable et dont il semble que nous
ayons le secret, Pam rend visite au dispensaire afin de trouver un traitement
antibiotique plus adéquat que nos vieux pansements usagers…
J’en profite pour mettre dans
un coin de ma tête quelques expressions wallonnes comme «ca coute un pont»,
«afoner» (faire des a fond) : boire sa bière cul sec sans gorgées, ou
encore «on n’vique nin co si mau po’ des p’tit ovri» : on n’est pas encore si
mal pour des petits ouvriers. Merci à la grand-mère de Pam pour la dernière!
C'est ou??? C'est le pied! |
Sainte météo, chaque escale à
Faka nord se paie d’une vilaine dépression on dirait… Pluie et gros vent… Les
trajets à terre face au vent à la rame sont oubliés, 36h enfermés à 6 à bord,
jeux de société et lecture, bof la Polynésie. Même si le vent ne faiblit pas,
le soleil prend le dessus et nous passons nos journées à terre, entre ballades
et visites à Faka Services pour l’internet, la location de vélo et l’accueil
sympa d’Aldrik et Stephanie.
La ferme perlière |
pause coco |
Sarah et Pam |
Une dernière soirée dans
l’atoll, petit restaurant de poisson cru. Juste ce qu’il faut pour donner envie de pousser un petit coup de gueule. Après le terme choisit de «type voileux». Après les rappels
des policiers municipaux aux voiliers de s’acquitter d’une taxe malsaine de 20
euros/semaine pour aucun service, sinon le droit de dépôt des ordures à terre,
à laquelle les locaux et touristes en pension sont exonérés, pour finalement
voir étalés les sacs poubelles dans une décharge à ciel ouvert dans un coin de
l’atoll (au moins avant on avait simplement interdiction de les décharger dans
les atolls, ce que nous continuons à faire pour esquiver la taxe). Maintenant
l’addition du restaurant est doublée pour certains plats à ce seul motif :
«parce que vous êtes sur un bateau»… Ca me fait un peu soucis, non pas que je
refuse de payer, si c’est justifié, mais on dirait que les temps à venir vont
être moins agréables pour les navigateurs non rentiers qui ne brandissent pas
liasses de billets au moindre service.
Heureusement on peut encore
compter sur la majorité des polynésiens dont le comportement est toujours à nos
yeux un exemple d’hospitalité et de convivialité!
Allez, il est temps de
naviguer, une longue liste de travaux nous attend avant de recevoir notre
prochain lot d’équipiers, des recrues attendues!!! On se réserve donc une
semaine de remise à niveau à Papeete. Franchissement de la passe nord sans
encombre, à coté de nous des thons sautent hors de l’eau en chassant, notre
ligne est décevante, elle n’appâtera qu’une bonite. Seule consolation, c’est
notre première prise qui n’est pas un thazard! Rapidement il apparait que la
météo annoncée ne prévoyait pas autant de vent, difficile à dire sans
anémomètre, au pif je dirai dans les 30 bons nœuds pendant 11h, durant lesquels
Arumbaya avec peu de toile (tous les ris dans la GV et le génois) nous fera
parcourir 66 milles. Super moyenne donc, c’est notre record dans la durée. Le
reste se fera plus normalement en renouant avec des moyennes de 5 nœuds. Dès le
début de la seconde nuit les lumières de Tahiti illuminent les nuages,
l’arrivée est proche.
La douche en nav |
vie à bord |
Tahiti |
Papeete |
Derniers exercices de mises à quai, d’abord à la marina de Papeete pour débarquer les filles, puis après la traversée du chenal de l’aéroport, au quai de la marina Taina pour débarquer Clément et Sonia et enfin mouillage un peu plus loin. C’est le calme plat, pas de vent, on se retrouve tous les 2 dans notre gigantesque bordel qu’est devenu le bateau après 2 jours de mer à 6. On se motive, grand ménage et fin de journée tranquille, demain on attaque…
L'équipe au complet |
Taina, notre nouveau mouillage avec vue sur Moorea |
La ville... Ca change des Marquises! |
On est déjà jeudi, 4 jours
qu’on est ici, la fuite moteur est contenue après la remise en état intégrale
de la pompe en question, le moteur nettoyé de son sel et de sa crasse, en
faisant du zèle je suis allé jusqu'à changer le joint du cache culbuteur, finit
les fuites d’huiles aussi! (Ronan appréciera). Le moteur hors-bord jouit d’une
hélice neuve, pour le reste des gros travaux on attendra notre premier chèque
d’Yvan.
Nous n’avons plus qu’à faire
un bateau propre pour l’arrivée dans 4 jours de Mère et François. C’est la
première visite de la famille depuis presque 3 ans, inutile de vous en dire
plus sur notre état, on est excité comme des (petites) puces!!!!
Alors s’il vous plait, ils
n’auront surement pas le temps de lire ces lignes avant de monter dans l’avion,
n’allez pas leur dire que le mât grince et qu’un détestable fumet de 8 œufs en
décomposition règne à bord! Merci!
Comment ça se passe avec mère et françois?
RépondreSupprimer