mercredi 31 août 2016

Meava (bienvenue)

« Les plus belles vacances de ma vie » a conclut François. Voici le genre d’annonce qui réchauffe le cœur quand on reçoit à domicile! D’un avis commun ce mois de vagabondage dans l’archipel de la société en famille à été fort sur beaucoup de plans, retrouvailles, rigolade, dépaysement, rencontres, découvertes, et bien sur, les émotions. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés tous les 4 à brailler sur le parking de l’aéroport de Faa’a, faisant le bilan de ces vacances, tout en redoutant la douloureuse déchirure d’une nouvelle séparation à durée indéterminée.
Se retrouver à nouveau tous les 2 sur Arumbaya pendant que Brigitte et François reprenaient de l’altitude pour 48h d’avions et d’escales nous a rendu un peu triste, on s’était habitués à la bonne humeur ambiante et aux exclamations de découvreurs de nos hôtes! Pour mieux comprendre, il faut retourner en arrière, remonter le temps d’un bon mois et se refaire les vacances en images…

Marina Taina, l’impatience s’amplifie à mesure que la nuit tombe, dans quelques heures les premiers membres de la famille vont débarquer dans notre vie d’expatriés. Près de 3 ans après notre départ de France, cette venue tant attendue (et inespérée) nous pousse à placer la barre haute. En plus de la joie de recevoir, nous tenons à faire vivre notre quotidien dans le sens le plus large, à la fois pratique (vie à bord, gestion de l’autonomie,…), géographique (la Polynésie regroupant 118 îles dans 5 archipels variés grands comme l’Europe), et culturel (découverte de la vie locale… et du poisson cru…). Nous nous apprêtons donc à recevoir de véritables messagers qui porteront dans les foyers de Vendée et de Navarre les réponses à toutes les questions qu’on se pose là bas sur la Polynésie et les détails de notre vie quotidienne.
De leur coté François et Brigitte viennent à bout de leurs 48h de demi tour du monde en avion et s’approchent inexorablement de la piste de Tahiti-Faa’a. Avant l’atterrissage et les retrouvailles je situe le lien familial pour les lecteurs perdus : Brigitte est ma môman et François son compagnon depuis plus d’une décennie maintenant, les liens sont donc largement tissés, et par mesure de simplicité lors de rencontres fortuites il m’arrive de les présenter comme mes parents, même si à chaque fois j’ai une pensée très affectueuse pour mon père que j’aimerai tant recevoir également.
Voilà le décor familial planté, l’avion à déjà amorcé sa descente, plus que quelques pieds d’altitude nous séparent, d’un coté comme de l’autre l’excitation frise l’excès. 

Munis d’une couronne de fleurs récoltées et tressées par Deb à l’instant, nous nous laissons porter par le flot de gens amassé devant la double porte automatique qui délivre au compte-goutte les nouveaux arrivant ayant franchit avec succès les couloirs et filtrages douaniers à la descente de l’avion. Enfin c’est leur tour! Difficile de maîtriser les émotions. On se touche, on s’embrasse, on se laisse émouvoir par les sons des voix qu’on avait peur d’avoir oublié, puis on glisse comme ca vers la sortie, l’air libre, le relâchement. Ca fait du bien, on est tous content!
Comme d’un coup de baguette magique, sans avoir bien encore réalisé, on se retrouve déjà à bord d’Arumbaya. Les discutions vont bon train, c’est qu’on en a des choses a se dire, a se montrer, a boire et a manger! Mélange des traditions : bière Hinano et charcuterie française.

Beaucoup de craintes des nouveaux venus disparaissent, Arumbaya est à la hauteur et surprend les arrivants, confort au mouillage, volumes, cabines,… Brigitte et François ne tardent pas à adopter le bateau et à prendre connaissance des règles du bord comme la gestion de l’eau douce, le saint robinet d’eau de mer, le rangement ou la sauvegarde du stockage électrique. Ajoutons à cela une première nuit calme, un petit dej au soleil dans le cockpit entrecoupé de baignades, et le tour est joué! Il ne nous reste plus qu’a faire valider notre plan de navigations : 400 milles de croisière dans l’archipel de la société, en commençant par les îles sous le vent (Raiatea, Tahaa, Bora Bora, Huahine) puis retour aux îles du vents (Moorea, Tahiti) et terminus à Taravao (notre fief). Rien que les noms des îles mettent en haleines les découvreurs, vote à l’unanimité!


Petite visite de Papeete histoire de prendre le rythme local, la capitale ne compte que 30 000 habitants, 140 pour toute l’agglomération, c’est une ville à échelle humaine. A peine sortis de la marina nous sommes salués par des inconnus (un «Ia’orana» chantant de rigueur), ce qui séduit déjà nos visiteurs. L’attraction principale est le marché qui se déroule quotidiennement sous des halles colorées, on y trouve de l’artisanat, du tissu et des paréos, du monoï, des fleurs de tiarés odorantes (emblème local) vendues en colliers ou en vrac, des stands de légumes ou de poissons, et bien sur les incontournables préparateurs de casse-croutes et de barquettes de poisson cru au lait de coco. Nous ne manquons pas d’y faire honneur et Brigitte a rapidement adopté la dégustation de thon cru, même nature, malgré ses réticences initiales. Victoire!
François à même le privilège de fêter son anniversaire ici, ce jour. Mais le bougre est difficile à satisfaire, inutile d’agiter sous ses yeux de beaux t-shirts aux couleurs vives de Tahiti, non, le vrai cadeau qui va le ravir sera un rapala « Marlboro », ustensile très prisés par les pêcheurs… Gare aux thons !!!


poisson cuit aux légumes, poulet citron, taioro (poisson cru avec
chair de coco) et assortiment de légumes (patate douce, igname,
manioc, taro, bananes, fe'i et pain coco).


Nos marins en herbes sont désormais acclimatés, ils trépignent même a prendre le large pour les premiers 140 milles jusqu'à Raiatea (avec une petite pointe d’appréhension tout de même). Vu le délai nous ne pouvons nous permettre de composer avec une météo clémente pour les novices, c’est donc  du près qui nous attend à la sortie de la passe de Taapuna. Un comble, cette navigation se fait au portant 350 jours par an… 

petit point sur la carte

on hisse l'annexe sur le pont

on hisse les voiles, et c'est partit!!!

Les premiers milles se passent très bien malgré la découverte de la gite. Le bateau ne ressemble absolument plus à une maison, oublié le confort du mouillage, c’est maintenant une machine à remonter le vent et la houle, c'est-à-dire stabilité dans l’inclinaison (une quinzaine de degrés), mais instabilité de l’étrave qui rencontre les vagues quasiment de face parfois avec un mouvement ample, parfois sèchement en se faisant secouer par une petite déferlante, parfois les deux en s’élevant et en retombant lourdement, gratifiant la coque d’un gros plat sonore. Bref, pas idéal pour commencer… François arrive à gérer plutôt bien la digestion des concombres de midi alors que le visage de Brigitte trahi petit à petit un certain malaise : perte du sourire, position figée, froid, légère décomposition du visage, refus d’obtempérer aux invitations à s’allonger de manière maîtrisée pendant qu’il est encore temps, puis finalement affalage en souffrance sur la banquette sous le vent du cockpit… Position gardée au millimètre jusqu'à l’arrivée le lendemain.


super le bateau...

Pendant la première nuit François se sent pousser des ailes et se prend au challenge de la redécouverte de la pratique de la voile, il assurera la quasi intégralité de la veille nocturne!
Au lever du jour nous naviguons entre Huahine et Raiatea en mettant le cap sur le nord de cette dernière. A peine levé, j’aperçois devant le saut magistral d’une baleine à bosse, c’est l’euphorie à bord, je monte au mât pour repérer le troupeau, mais hélas nous n’observerons que de lointaines projections verticales d’eau dues aux souffles… Déjà pas mal.

En fait le seul spécimen marin franchement observé à été ce thazard pris à la traine la veille.  


baleines droit devant

le thazar

Raiatea, notre île d’adoption, là ou l’aventure sur ce voilier à commencé pour nous un an plus tôt. D’ailleurs après une mise à quai express devant le supermarché local, Arumbaya file à travers le magnifique lagon, barré par une Brigitte remontée, avec la ferme intention d’arriver au chantier naval, qui a vu naître notre aventure, pour l’heure du traditionnel apéro du vendredi.






Nous y retrouvons tous nos chers amis qui nous ont encouragé ou aidé dans les travaux de mise à l’eau d’Arumbaya, l’ambiance est très familiale, les gens charmants, nous sommes content de les présenter à notre famille afin de témoigner de l’aventure qu’a été ce chantier pour Deb et moi.

La joie est réciproque et chacun est ravi soit de faire connaissance, soit de se retrouver. En plus du coté humain, charmeur, de cette île et de cette escale, nous mouillons dans un lagon aux couleurs de bleus splendides, avec les silhouettes des îles de Tahaa et Bora Bora qui s’amplifient en contre jour a chaque couché de soleil. Un régal! 

la silhouette de Bora Bora

Un matin nous armons l’annexe pour une découverte du platier. L’angoisse d’une rencontre avec un requin anime Brigitte pendant que secrètement je n’attends que leur visite pour satisfaire la soif d’aventurier de François… Point de requin pour cette fois, mais nous avons pu observer de très près l’évolution lente et efficace d’une raie pastenague sur le fond de sable. Cette seule rencontre a suffit à Brigitte pour regagner l’annexe en hâte et s’y hisser non sans mal, avec une grâce qui n’est pas sans rappeler celle du skieur qui refuse de lâcher sa perche de tire-fesses alors qu’il traîne sur le sol. Epique scène qui aurait largement valu sa photo. Puis, sillonnant les patates de corail de plus en plus nombreuses, l’annexe nous a menés proche du récif, à la barrière de corail à fleur d’eau qui sépare l’océan du lagon, là ou les fonds marins remontent brusquement, donnant de puissantes vagues qui s’y écrasent en berçant le lagon de ce bruit de fracas. Baignade et collecte de coquillages, retour au bateau, déjà nous prévoyons de naviguer à travers le lagon vers Tahaa, vers le jardin de corail ou nous attend Bernard, un autre ami en voilier. Le programme affiche une certaine rigueur contrastant avec la vie locale, mais de nombreuses escales sont encore prévues. Bien que 30 jours de vacances en Polynésie soit une chance que trop de personnes aient la joie d’expérimenter, à l’échelle de ses atouts, c’est bien peu, hélas!


Mère à trouvé la légende toute seule:
"grandeur et décadence"

Le point fort suivant est la visite d’un banc de dauphins venu jouer à notre étrave en longeant la cote luxuriante de Tahaa. Deb et moi ne nous lassons pas de voir les yeux ronds, les élans d’exaltations, de surprises, ou l’enivrement de nos hôtes. C’est vraiment chouette, ca nous rappelle que nous sommes aussi passé par ce stade de découverte et combien c’est plaisant de le partager.

Si le début de cette transhumance vers le jardin de corail s’est fait de manière sportive (du près en lagon, pointes à plus de 7 nœuds), nous avons terminés poussivement, touchant doucement le vent à chaque franchissement de vallée. J’en profite pour faire du pain pendant que les 3 autres s’envoient des bières Hinano en se partageant la barre en musique. François garde tout de même un œil attentif à la tension de la traine, à ce stade des vacances on pense bien parvenir à extraire un thon de l’eau! Mais pas cette fois!

ca commence sport!!!

et ca marche fort!






les dauphins


Arrivée en fin de journée dans la petite baie du village de Tapuamu. Bernard viens à notre rencontre pour guider notre ancre près de son bateau, le sondeur affichant moins de 3 mètres. Super retrouvailles avec notre ami, ca fait plaisir de le revoir lui aussi depuis un an, on a plein de trucs à se dire! Bernard est un plongeur en bouteille, son matériel envahi son voilier, et de son grand bazar organisé il sort une magnifique collection de coquillages qu’il donne par poignées à Brigitte qui n’en revient pas! Vraiment top ce Bernard!
La nuit tombant, des sons de percussions raisonnent dans le décor. Surement une répétition d’un groupe de musique traditionnel. Nous partons en annexe voir ca de plus près. Au bord de l’eau, sur un petit carré de béton entouré d’herbe et éclairé par la lumière jaune orangée d’un vieux lampadaire, un groupe de musique d’une dizaine de personnes font jaillir des rythme endiablés de leurs troncs de bambous, animant la soirée du petit village, faisant sortir les enfants et danser quelques vahinés dont les fesses roulent au rythme des percussions… impressionnant!

Tahaa est une petite île au calme légendaire. Une fois la répétition terminée, le seul bruit perceptible est celui des coqs qui se poursuit toute la nuit durant, sans relâche. Ici les voitures sont plus rares que les petits bateaux aux moteurs hors bord, chacun dispose d’une embarcation pour se déplacer, faire ses courses à Raiatea ou se rendre dans les habitations poussant quasi uniquement le long du rivage. Pourtant nous sommes au cœur d’un  nid à touristes, un bateau de croisière passe devant notre mouillage, un hotel dévoile ses pontons reliant les bingalows sur pilotis le long du motu Tautuau. Et pour cause, entre ce motu et celui de Maharare se trouve une petite rivière d’eau de mer dont le léger courant vient du récif tout proche et permet de se laisser dériver avec masque et tuba au milieu de milliers de poissons dans leur décor : Le jardin de corail.

Seule Brigitte fait preuve de mauvaise volonté dans ce dédale de trésors, tantôt remplissant son tuba en redressant la tête, tantôt hurlant au requin car une palme de François la frôle… Il y aurait un véritable reportage à faire sur Mère et son rapport avec l’eau! Grosse marrade!






Le programme… Petit dèj au coucher de lune puis départ et franchissement de la passe Paipai au petit jour, cette fois on sort du lagon, on renoue avec la houle et le vent, cap sur la destination dont le nom fait rêver jusqu'à l’autre bout du monde : Bora Bora. Le vent forci entre les deux îles, on dépasse les 8 nœuds! Les voiles sont arrisées, ce qui n’empêche pas Arumbaya de s’offrir un magnifique départ au lof un peu marquant pour Brigitte dont je ne saurai imiter les hilarants gémissements de détresse qui se sont échappés de sa bouche durant la prise de vitesse et l’inclinaison déraisonnable du bateau. Décidément, elle à le bon rôle du caliméro pas très rassuré, ce qui ne manque pas de déclencher beaucoup de rigolades. François est lui trop occupé pour se mettre dans de pareilles situations, lorsqu’il n’est pas au bout de sa canne à pêche, c’est qu’il est au bout de la ligne de traine! Véritablement, il a une part très active dans les manœuvres et la gestion de la navigation, le parfait équipier!




la gazinière témoigne de la gite, pour ceux qui en doutent



Par dessus le récif de Bora on devine les nuances de bleus et de vert du lagon, fidèle à la carte postale. Une fois rentrés nous mouillons le long d’une bande de terre boisée, en face d’un motu paradisiaque, ca envoie du rêve!!! Pêche au harpon : Perroquets, rouget et carangue, François s’offre aussi une carangue à la ligne en caleçon un matin, les filles mettent l’annexe à l’eau pour visiter le bois qui nous abrite du vent d’est. Puis comme souvent l’apéro précède la découpe du poisson, Déborah donne un petit cours sur le maniement de la râpe à coco afin d’extraire le lait de la chair pour l’élaboration de l’incontournable salade de poisson cru a la tahitienne.

Nous passons quelques jours en autonomie à ce mouillage tout en beauté, naturellement la plage de sable blanc entourée d’eau turquoise du motu nous fait de l’œil, nous nous y rendons donc en annexe. C’est là que le charme de Bora Bora est (co)rompu. On vient nous avisé aussitôt le pied à terre que cet îlot est privé et est loué pour la journée. Alors oui, c’est beau, mais c’est une véritable escale buisness, bienvenue à Bora, tours en hélicoptère, location de jet-ski, hôtels de luxe en pagaille… 


carénage

les aventurières




le motu "privé"


poissons perroquet de 5 kg (environ)

le lait de coco : débourrer et fendre en 2 la noix,

râper la chair,

presser la chair dans un torchon pour récupérer le lait.


carangue crue avec un filet d'huile chaude

Nous terminons notre séjour par un mouillage moins «carte postale», mais plus proche du village principal. Même là nous sommes un peu déçu, l’authenticité que l’on trouve ailleurs est mise à mal par la notoriété de cette île, beaucoup de commerces de marques, des magasins de perles partout, un public beaucoup plus chic, mais néanmoins un accueil charmant.

le uru (arbre à pain), délicieux!!!

pandanus, les feuilles séchées sont utilisées
pour les tressages



tipanier ou frangipanier, ca sent très bon!

hibiscus



 Une journée à terre nous aura suffit, nous savons déjà que cette escale, malgré son nom, ne sera pas la plus belle du voyage. Alors, on met les voiles? Oui!!!

Rebelote dans l’autre sens, départ au matin, franchissement de la passe, on envoie toute la toile, au près bien sur, on tire des bords en direction de la passe de Miri, prochaine escale : chantier naval de Raiatea, en vue du rendez-vous incontournable… L’apéro du vendredi!!!
La navigation, bien que courte (à la journée) commence à ne plus faire rire Brigitte. Pourtant nous sommes tous surpris, elle la première, de son adaptation face au mal de mer. Elle ne le craint quasiment plus, se ballade à l’intérieur en nav et s’alimente normalement. J’avoue que je craignais pour son humeur de ce coté là, mais ca va. Ce qui va moins c’est l’absence de temps dédié à la plage et au farniente.
Vous aussi vous devez vous demander comment ca se fait qu’on ne passe pas nos journées sur les plages de sable blanc, à l’ombre des cocotiers ? Et bien par ce que c’est un mythe (ou presque)véhiculé par les publicités! Il ya peu de plages finalement (à l’européenne j’entends). Les îles sont volcaniques, on trouve peu de sable blanc, il est noir. La majorité des photos et cartes postales estampillées «Tahiti» vendant ces étendues blanches de sable de corail viennent  en fait des Tuamotus.
Voici donc la prochaine mission : localiser ces rares plages, chemin faisant.
Un autre détail rend les navigations un peu stressantes. Il s’agit toujours de notre mât. Le bourricot n’en fait qu’à sa tête, certains de ses ridoirs arrivent pourtant en buté mais impossible de brider complètement son jeu, quelque chose nous échappe… En attendant, l’épontille rythme les mouvements du bateau dans un bercement de grincements très sonores, à la façon d’un vieux gréement de pirate en bois. On garde l’œil ouvert…
Les lignes trainent toujours derrière le bateau, on y croit de moins en moins… Seulement quelque chose de positif se manifeste au loin, à mi navigation François et Deb voient une masse d’oiseaux, une chasse! Comprendre, plusieurs centaines de frégates et de sternes qui froment un nuage instable, une pluie d’oiseau qui s’abat sur l’eau, des piqués en pagaille pour attraper le petit poisson effrayé. Mais pourquoi le petit poisson est il effrayé? Parce que les thons sont déjà en train de le chasser! Hum, le bon poisson qu’on s’imagine déjà dans nos assiettes pendant le branle-bas de combat. Chacun trouve sont poste, François prend la barre et allume le moteur, deb affale les voiles, je décroche la filière arrière, donnant plein accès à la jupe du bateau et aux lignes, chausse des gants et prépare la gaffe. Au premier passage nous fendons l’eau en ébullition, on voit les poissons qui sautent de partout au milieu de la pluie d’oiseaux. Rien. Deuxième passage, rien. Troisième passage? Rien.  A chaque nouvelle tentative on modifie la vitesse du bateau, la distance avec la chasse, les longueurs de lignes, les leurres. Rien, rien, rien! 1 heure de carburant plus tard on abandonne, le cap est repris à la voile, la déception est intense…  on est «enjominail» (ventrachoux power). Nous irons acheter un thon sur le bord d’une route, suspendu sur un portique, directement au pêcheur, lui!


la chasse

Juste à temps pour l’apéro! Les ouvriers du chantier ont déjà bien entamé leur première caisse de bières Hinano : 20 bouteilles de 50cl, ici on appelle ca des obus. Tous le monde est assis sur des bidons de peinture sous un hangar, Deb et moi les connaissons tous et un fois de plus l’ambiance est chaleureuse, Brigitte est captivée par les histoires de requins et François se renseigne vivement auprès de toute l’assemblé sur les raisons de notre échec à la pêche au thon. 2ème caisse de bière, les habitués du chantier (voileux de toutes origines) se mêlent aux ouvriers (locaux ou français), certains rotent sans gênes pendant d’autres rigolent à gorge déployée. Séance émotion lors de l’arrivée d’un couple de résidents de la marina : la femme revient juste de l’hôpital de Tahiti ou elle a été soignée après son sauvetage de la noyade la semaine dernière. La plupart de ses sauveteurs sont présents, l’émotion est palpable, surtout lors du récit de l’aventure. La malheureuse à fait un malaise dû au soleil en faisant sa lessive sur le pont de son bateau et est tombée à l’eau inconsciente et en silence. Le délai de réaction de son mari n’aurait pas pu être amélioré mais à suffit à alerter d’autres plaisanciers alors que l’eau commençait déjà à remplir les poumons… Sacré histoire qui finit bien!!! On retrinque, santé! Lorsque nous sortons du hangar tout le monde est un peu pété, chacun regagne sa maison ou son bateau, nous sommes accompagnés par l’ami Francis qui ne sait plus à quel ponton il a stationné son annexe.
Le lendemain nous passons la soirée avec Sylvain et sa famille, a bord de La Fée. C’est le voilier que nous avait prêté Sylvain lorsque nous étions avec Ronan et qu’Arumbaya était en soins intensifs au chantier. Sylvain est aussi celui qui nous a conseillés et guidés pendant les travaux. C’est donc, en plus d’un très bon ami, une personne compétente pour tous les soucis du bord, vous me voyez venir? Le mât et son gréement.
Le bruit à vite couru dans le mouillage que notre gréement était malade, en plus de Sylvain, plusieurs autres  équipages sont passés pour nous aider à trouver la faille, mais personne n’a su mettre le doigt sur l’origine de nos grincements. Ca été l’occasion de remplir notre cockpit de convives, les 5 annexes amarrées à notre jupe ont vu leurs propriétaires faire le plein de bières… une fois de plus. François et Brigitte auront retenu le personnage hautement philosophique de Francis, avec ses histoires de chasse : la fois ou motivé par sa déshydration il bu le sang de sa prise, ou encore la fois ou il est rentré glorieux de la chasse sous marine… avec une chèvre.

Ca y est, j’ai trouvé! Depuis le départ des marquises nous surveillions un câble du gréement qui présentait des signes d’usure anormale, il s’agit d’un inter qui relit le premier étage de barres de flèches au second. Deux torons sont sectionnés. Au chantier nous nous procurons du dyneema, câble textile ultra solide pour renforcer le gréement, que j’installe avec François. A partir de là nous n’entendrons plus parler du grincement du mât… Bonne nouvelle en soi, mauvaise nouvelle aussi,  nous comprenons que notre gréement est usé et en l’état il est difficile de lui faire confiance dans le gros temps. L’indispensable changement des câbles promet de nous couter beaucoup d’argent que nous n’avons pas. Notre contrat de travail à Taravao commence dans 2 semaines, la quasi intégralité des 3 mois de revenus risque d’y passer, ca ne nous réjouit pas trop… La question se pose alors de se payer un gréement textile, tout dyneema ; avis aux connaisseurs, on cherche des infos là-dessus en rapport avec notre haubanage sans patara (Bergstrom Ridder). 

mise en tension du gréement pendant que j'installe le
dyneema là haut

François tente l'ascenssion

Finalement nous allons composer avec la météo. Prochaine escale prévue : Huahine. Or du vent de 20-25N est prévu pour la fenêtre de retour à Tahiti dans quelques jours, au près c’est vraiment inconfortable et pour notre mât on le sent pas trop. Dans la douleur il est convenu de zapper la prochaine escale afin d’avancer le retour à Moorea puis à Tahiti. 

prise de décision : entre la carte et les prévisions météo

Après un demi tour de Raiatea par le lagon nous mouillons un soir aux avant poste pour la traversée, devant le marae de Taputapuatea –Brigitte et François doivent savoir le prononcer, testez lez!  



les rameurs en va'a se mettent dans les sillages des
bateaux pour se faire aspirer


Taputapuatea



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On estime à une bonne quarantaine d’heures le temps de cette nav, dans des conditions pas terribles. Du près ultra serré, de la flotte et du vent. On choisit de faire 2 longs bords, le premier vers l’ouest pour tenter de toucher du vent plus favorable, puis sud. Une première journée est nécessaire pour faire disparaitre Raiatea et Huahine, suivi d’une nuit bien pluvieuse d’épisodes de rafales et pétole, mais avec le vent adonnant en avance au rendez vous pour entamer une légère descente vers la sud. François découvre les quarts de nuits foireux, tenter d’éviter les gros cumulus chargés, ou se frotter aux déviations et accélérations de vent à l’approche des grains, à la pluie pendant, et la pétole ensuite. Avec Deb il auront bien manipulés les voiles, et il sera même à l’initiative de la décision du virement de bord vers le sud.

Finalement nous faisons l’approche de Moorea en fin de journée, avec de l’avance sur les prévisions. L’île est à l’ombre d’une grosse épaisseur de nuages qui l’ont accrochés, les sommets sont cachés, et dans les baies le régime de pluie à l’air de s’être bien installé. François ne quitte plus la barre et respecte l’alignement d’amers pour franchir la passe menant à la baie de Cook (du nom du capitaine).

Comme convenu il pleut, l’ancre est plongée au milieu de cette baie magistrale par son décor, on se croirait aux Marquises, on reconnait beaucoup d’arbres fruitiers dans le paysage, des pans de montagnes sont dédiés à la culture de l’ananas. 




Rapide balade à terre, approvisionnement d’appoint, puis comme les lignes n’ont encore rien péchées, on cède à la tentation du thon rouge suspendu en bord de route. Un pêcheur et sa fille nous vende un thon entier pour moins de 10 euros, nous rêvons tous d’une ventrée de poisson cru! Maintenant que cette préparation locale plait beaucoup aux invités, je relève le niveau en y ajoutant du Mitihue : lait de coco fermenté à l’ail et aux têtes de chevrettes (écrevisses). Un régal malgré l’appréhension des nouveaux gouteurs. Je leur épargnerais l’ultime recette de poisson cru, ne l’ayant moi-même pas encore expérimentée, celle ou le poisson fermente plusieurs jours dans un bocal d’eau de mer : le fafaru et son slogan local : LEGALIZE FAFARU!

Comme pour Bora Bora, nous découvrons Moorea tous les 4, Deb et moi ne l’avions jamais visitée. Nous tombons sous son charme, complètement, et entendons bien cette fois se concentrer sur ses atouts :  des pistes dans la vallée des ananas en passant par le lycée agricole, menant à des points de vue en hauteur, des sommets magnifiques, une végétation riche, des spots à raies et requins, et enfin : 2 plages de sable blanc!

L’autostop fonctionne très bien, non pas a 4, mais par équipe de 2. On se fixe des points de rendez vous, façon Pékin express. Les équipes sont invariables, François et Deb forment l’équipe 1, mère et fils pour la 2. Les scores sont très serrés, nous arrivons à nos buts presque en même temps quand on ne finit pas tous dans la même voiture, quitte à trouver sa place dans la benne d’un 4x4. Il faut dire qu’on peut compter sur la gentillesse des locaux, en plus d’être charmant ils sont arrangeant et insistent pour faire les détours nécessaires! Cependant nous passons quand même par la case du loueur de voiture le temps d’une journée afin de sillonner la vallée fruitière et faire le tour de l’île par la route de ceinture (60km). La piste longeant les exploitations agricoles est magique, le ciel bleu laisse le soleil inonder le paysage vallonné, abrité du vent par les crêtes et les pics rocheux. La palette de verts, les champs d’ananas, les falkatas, les cocotiers, les fruitiers, les grandes feuilles des bananiers,…  Puis la piste retrouve le bitume, direction le belvédère en passant par le lycée nature. Le cadre de cet établissement est séduisant, Deb devient rêveuse de retourner à l’école ici. A l’approche de midi nous redescendons de la montagne et stationnons le long de la route. Les habitations isolant le littoral de la route, on passe en force par un chemin «propriété privée». Tout compte fait on a pas du tout eu à forcer, on a carrément été accueillis par des «ia’orana». Pique nique et baignade sur la plage de l’une des maisons, Brigitte revit et savoure ce qu’elle était venue chercher en Polynésie : son  bronzage! François est comme un enfant, il passe son temps au radar, cherchant méthodiquement à agrandir sa considérable collection de nacres, porcelaines, et autres coquillages, faisant fit des mises en garde, fourrant dans ses poches de maillot de bain quelques cônes dont certaines espèces peuvent infliger une piqure mortelle… Mais comme ils sont très jolis… Fin du tour de l’île en trinquant à l’eau de coco verte, cueillie et ouverte sur la plage.






la baie de cook, Arumbaya est là


le lycée agricole

pamplemouse

avocats



les vendeurs de fruits et légumes vendent en bord de route,
directement à domicile



le récif, et la passe au milieu





Chaque jour a son objectif. Parmi eux il y en a un que Mère redoute mais qu’on ne peut pas contourner lors d’un séjour ici, la rencontre inévitable avec les requins. C’est ainsi qu’après une brillante course en autostop puis en kayak de loc, nous sommes arrivés sur un banc de sable lagonnaire déjà connu des touristes venus sur le spot à requins avec leurs guides en bateau et jet-ski. Alors oui, ca fait un peu bêtes de cirque, nourris sur place, mais imaginez vous, Brigitte a finalement accepté de glisser de son kayak pour évoluer dans une eau limpide au milieu de dizaines de raies et de requins pointes noires, passant à moins de 2 mètres! Super fier de ma môman! Délirant!

Alors on se disait tous que s’était bon, que Brigitte pourrait même adopter un squale comme on adopte un chat! Il aura suffit d’un banal trajet en annexe vers la cote pour briser le mythe. Le trajet ou une meute de requins dormeurs a entouré l’annexe, des bestiaux de 3m de long pour certains (notre embarcation de 2,6m servant de repère). Une chance que les traités interdisent à mère l’arme nucléaire, sans quoi elle en aurait fait usage à bout portant sans sommations!!! Bien qu’absolument inoffensifs, elle accompagne la décomposition de son visage de quelques expressions de détresse, notamment un appel au tout puissant… Allez comprendre… L’épisode ayant été filmé, on ne se lasse pas de le revivre sans réussir à saisir ce qui nous plait le plus : la vision des requins ou l’attitude de Brigitte qui déclenche l’hilarité parmi nous. Les raies qui nous accueillaient jusque là lors des descentes à terres ont été reléguées au second plan.






Plage!!! Bien que nous n’ayons pas revu d’ailerons dans les eaux claires, Brigitte laisse volontiers la baignade de coté, préférant s’étendre sur le sable blanc au soleil. Il faut dire qu’on désespérait de les trouver. Le guide touristique indiquant la présence des 2 plages à Moorea, nous les avons testé toutes les deux. Celle de Temae avec vue sur le récif et Tahiti au loin, et celle des Tipaniers, en face de 2 motus couverts de cocotiers. Dans chaque cas des hôtels sont déjà dressés sur place (forcément). Nous consacrons une demie journée pour chaque avec sieste et pic-nic, augmentant ainsi le capital bronzage de quelques points et le capital bonheur de plusieurs autres.

Si chaque jour a sa sortie, chaque retour à bord en fin de journée a son rituel : apéro! Le prix exorbitant de l’alcool nous avait presque contraint à l’abstinence, c’est donc grâce aux visiteurs que nous trinquons, François ayant un patronyme à honorer : Soulard. Et il l’honore si bien que nous varions, de la bière au rhum en passant par le vin. Quand on est un peu fous-fous on l’accompagne d’une partie de toc (petits chevaux amélioré) dont les revanches peuvent se transformer en veillées. 







en pleine partie de toc


Voilà déjà un moment que nous sommes ici, on pense au programme et au départ qui approche, l’ultime navigation vers Tahiti, l’avant dernière escale de Vairao dans le lagon de la presqu’île tahitienne. Après vote on convient de faire les 12h de navigation qui nous attendent de nuit, c’est donc en soirée que nous levons l’ancre, vers 17h. Et oui, à 17h le soleil est déjà bientôt couché, il ne reste plus qu’une toute petite heure de jour…


François gère une fois de plus le franchissement de la passe à la barre, en regardant vers l’arrière pour respecter l’alignement des amers, puis une fois dehors nous longeons le récif à bonne vitesse au portant, l’obscurité gagnante. Il nous faudra contourner la pointe nord-ouest de Moorea et prendre le cap sud-est vers Vairao en passant devant la sortie du canal entre Moorea et Tahiti. Pas une mince affaire, si longer la cote de la première s’est révéler être peu stimulant, j’ai été bien réveillé en m’approchant de l’embouchure du canal. Sorte d’entonnoir à vent et houle, faisant forcir l’un et l’autre jusqu'à prendre tous les ris, voir même par moment, lâcher beaucoup d’écoute de GV et remballer tout le génois, tout en maintenant des vitesses un peu trop génereuses. Sans anémomètre je pense m’être fait surprendre par une quarantaine de nœuds, évitant 2 départs au lof. Par chance Brigitte ne fait plus d’histoire avec le mal de mer, ainsi tout le monde était couché à l’intérieur et j’étais seul sur le pont, esquivant les crêtes de vagues et la pluie… pas top niveau confort… Seul chose plaisante : le cap est bon, après un  rapide calcul je me dis qu’on sera à l’abri des premières cotes de Tahiti dans 5 heures, il ne me reste donc plus qu’a attendre en veillant et winchant… Tiens, le mât grince par moment, il faut dire qu’il travail beaucoup là. François ne sera pas venu à la manœuvre cette fois, estimant ce morceau de navigation un peu trop technique… Enfin ca finit par redescendre, les voiles, elles, remontent, je laisse volontiers ma place à Deb pour aller sombrer dans le carré. Accompagnée par François qui sort de sa grotte, ils géreront le reste de la nuit, à mon réveil au petit jour, Arumbaya est en train de se caler dans l’alignement de la passe de Vairao, visant le passage dans le récif, entre les deux montagnes de vagues, bruyantes et brumeuses d’embruns, que des surfeurs matinaux sont déjà en train de rayer.

Une fois dans le lagon nous affalons les voiles, cette fois on s’applique, la GV est bien posée en accordéon sur la bôme car elle risque de ne plus bouger pendant un long moment. Encore un dernier mille à travers le balisage lagonaire (que François commence à intégrer) jusqu’au bassin, chacun trouve sa place : gonflage de par-battage, préparation des amarres, et veille à la barre et au sondeur. Nous visons une marina désaffectée qui n’a jamais été mise en service, les deux tiers des quais sont écroulés et nous comptons donc sur le dernier tiers. C’est la première fois que nous y venons en bateau, nous venions y passer quelques dimanches un an plus tôt, le cadre offrant aussi un bassin de baignade aménagé, un accès au récif et une étendue de verdure. C’est ici qu’avec Ronan nous avons expérimenté nos premières apnées. En dehors des weekends l’endroit est d’ordinaire désert, ayant vendu cette tranquillité à l’équipage je commence à m’inquiéter durant l’approche, voyant nombre de voitures et de chapiteaux… tout faux…
Mise à quai sans souci, la quille n’a pas rencontré le bloc de béton qui se trouve à coté d’elle. Le long du quai on trouve douches de plein air et robinet, désormais, fini la restriction d’eau douce! Autour de nous de l’herbe et des arbres, l’escale va être sympathique! L’idée d’un barbecue germe immédiatement dans les esprits, ce sera l’occasion de présenter nos amis : Bé, Anne-So, Clément et Sonia. Les chapiteaux montés à coté promettent de mettre de l’ambiance, il s’agit du Heiva. C’est une manifestation culturelle qui dure tout le mois de juillet, organisée dans tous les districts. A Papeete le Heiva met à l’honneur les danses traditionnelles alors que dans le petit village de la presque île ou nous sommes chaque soirée à son thème comme tournoi de volley, course de porteur de fruits, championnat du monde de râpage de cocos (si si) ou foot. L’ambiance est très bonne, les éclairages sont tamisés par les fumées de grillades des roulottes, mêlant l’odeur à la musique. Les journées sont calmes, Brigitte entretiens son capital bronzage et François promène sa canne à pêche. Arumbaya réserve une dernière surprise dans ses cales : le bloc de plongée. Brigitte refuse catégoriquement de tenter l’expérience alors que François en rêve, malgré l’interdiction de la pratique pour cause d’oreille cagneuse. Fî, j’accompagne l’apprenti plongeur jusqu'à 3 mètres de fond, courte mais sympathique plongée, Il aurait été dommage de passer à côté de ca alors que nous avons le matériel à bord, vous en conviendrez!







2ème carangue à la ligne pour François

briefing de plongée

Les jours passent ainsi et la date de fin de vacances approche inexorablement. Chacun y pense mais personne n’y fait allusion! Il est temps de nous rendre au dernier mouillage de ce périple, dans la baie de Phaeton voisine, à Taravao, notre ancien fief, et c’est par une nuit de vent de sud que l’équipage se dit qu’il est temps de s’y rendre. Les par-battages ne tiennent pas en place, malgré le nombre et la diversité des hauteurs, le niveau d’eau changeant du bassin les lève et offre la coque du bateau au béton du quai. Ajoutons à cela un fort vent de sud pour bien appuyer contre le même quai, nous nous levons à tour de rôle avec Deb et François pour replacer les protections sous la pluie… Dès le petit matin la décision est prise de lever le camp.
Après 10 mois de trip Arumbaya fend à nouveau l’eau sombre de la baie Phaeton jusqu'à son corps mort, signant ainsi la fin des navigations pour nos équipiers. Pour deb et moi ca signifie aussi une longue escale ayant pour but remettre le bateau en ordre de marche pour le prochain départ vers les Marquises et l’obligation de se refaire une caisse de bord. Depuis quelques jours nous avons déjà atteins le zéro absolu de nos ressources financières, laissant honteusement nos invités régler les courses d’avitaillement.

Forts de quelques prêts et locations de véhicules nous passons les derniers jours à découvrir Tahiti et sa presqu’île, de Tautira à Teahupo’o (le spot de surf international), jusqu’à Papeete, en passant par les sites des 3 cascades, du trou du souffleur et de la grotte de Marara. Nous visitons le chantier, notre chantier, celui de la construction de la maison d’Yvan qui va nous voir reprendre du service, et en passant nous buvons un coup avec Yvan, puis deux, puis trois, puis d’autres… En fin de journée nous devons nous résigner à reposer nos verres pour prendre le chemin du retour en stop. Yvan s’assure alors de la sobriété de Brigitte, et rempli à nouveau nos verres en échange du près de sa voiture. L’occasion pour Brigitte de s’essayer au transport nocturne de viandes saoules sur les routes locales, pas simple, on n’y voit rien, piétons et cyclistes vont et viennent sans lumières, l’absence de contrôle technique laissant à la dérive le déréglage des phares qui nous viennent d’en face. Toujours surprenant au début.

le chantier



même pas saoule!

Tautira


le banc de dauphins au large

mission du jour : fabriquer des chapeau en feuille de cocotier

pas simple,




finalement on se contentera de ca...

poivre vert

abiu

la baie Phaeton


vie quotidienne : remplissage d'eau de source

stand de vente de thon... on craque, un dernier pour la route!!!

Puis un soir les valises sortent de leur grottes, le carré voit s’empiler nombres d’affaires prêtent à se faire empaqueter à mesure que les étagères se vident. Demain matin le réveil sonnera à 3 heures, la sonnerie de fin des vacances dont la triste attente donne lieu à un joyeux bilan de ce mois passé ensemble.
Malgré la séparation qui approche nous sommes vraiment tous très content de ce séjour, plein les yeux et plein les cœurs, beaucoup de rigolades, quelques frayeurs pour certaine, une super visite des îles de la société, et des souvenirs plein les têtes!!!!!

Bon retour à vous 2, merci pour tout!!!!
Nana!!!!