25/02
Nous tenons le cap vers les Galapagos depuis plus de 36h
maintenant, par ou commencer ?
Le bateau, Fountaine Pajot, Bahia 46. Il faut bien
reconnaitre les nombreux avantages du catamaran, la vitesse, le confort,
l’espace de vie, un cockpit à l’ombre et un poste de quart digne d’un avion de
chasse avec fauteuil de quart… Pour l’instant nous ne parvenons pas à trouver
d’inconvénient à ce navire. On verra
quand la mer sera plus grosse car à part les premières 24h un peu venteuses
permettant de tester un minimum l’engin, le vent n’a pas l’air bien décidé et
nos fichiers GRIB (météo) n’en laisse à peine présager. Nous sommes en pleine
ZCI, comprendre zone de convergence intertropicale, ou calme plat, guère de
vent, point de houle, soleil de plomb. Pour finir de planter le décor, j’ajouterai
ce formidable départ dans les eaux poissonneuses et riches ou nous assistons à
des sauts de raies, jusqu’à plus de 2 mètres de haut, gros bestiaux, nous
hallucinons, mais encore des groupes de dauphins, des fous de bassant, des pélicans en hordes plongeant et tombant
en pluie dans l’eau pour pêcher…
A bord nous sommes 6, Amos et son ami Ran, accompagnés de
leur femmes Anat et Maya qui débarqueront aux Galapagos, nous laissant tous les
4 pour la grande traversée. La moyenne d’age est très élevée, ce qui n’est pas
un problème en soi, nous regrettons plus le manque de communication et
d’échange avec eux, ce que nous avions sous estimé. L’hébreux à beau être une
belle langue, nous n’en saisissons pas un mot, à part ce très rigolo
« baisera ta chèvre » qui veut dire « dieu te protège » ou
une bondieuserie dans le genre… Nous
n’échangeons en Anglais que pour la navigation et les banalités et politesses
de rigueur.
L’idée d’être parti avec
2000$ d’avitaillement dont 1/3 de produits ménagers et 1/3 de saloperies
dégueulasses commence à peine à être digérée. Nous bouillons chaque fois que
l’on nous demande de tenir les restrictions (comme pour le petit dèj’) alors
que l’on dispose d’un congélateur plein et d’un désalinisateur offrant 280L/h.
Ajoutons à cela la tonne d’eau douce en cuve et l’autre tonne de gasoil, un
lave linge et un sèche linge histoire de perdre un peu de place, nous n’avons
jamais vu autant d’autonomie. Quelques doutes de notre part concernant le stock
subsiste, le ½ mètre cube de fruits et légumes risque fort de pourrir avant qu’on
n’en voit le fond et les quelques kg de pates et de riz qui se battent dans un
tiroir nous semblent bien ridicules, mais que voulez vous, on n’a pas eu notre
mot à dire sur les provisions.
Bref, on va pas cracher dans la soupe, cet embarquement est
une mine d’or, on ne paye qu’un tiers de la bouffe (on arrive quand même à se
nourrir) mais surtout notre apprentissage en prend un bon coup. Amos a de
nombreux faits d’armes sur les eaux de globe, doit avoir l’équivalent du
capitaine 500 et nous explique calmement chaque manœuvre qu’il anticipe et
chacune de ses réflexions concernant la navigation. C’est de loin notre
meilleur compagnon à bord et il nous apprécie également.
La sécurité est de rigueur, on ne rigole pas avec les quart
ici! De jour comme de nuit il faut en permanence quelqu’un devant les commandes
répertoriant chaque faits, position, changement de vent, voltmètre, … dans le
cahier de bord. En plus du radar, de l’AIS, la BLU, les 2 VHF, les 2 téléphones
satellite à usage illimité (car sponsorisé), il convient de scruter
minutieusement l’horizon 360° aux
jumelles ou aux lunettes à vision nocturnes de l’armée israélienne toutes les 7
minutes maximum, espace de temps pendant lequel on peut se faire surprendre par
un navire évoluant à 20 nœuds… discutable…
Vous aurez compris, nous hallucinons totalement sur
l’équipement à bord et le manque de place qu’on laisse au hasard, du jamais vu
pour nous. D’autant que l’on nous propose d’enfiler pendant les quarts un
bracelet d’homme à la mer relié par GPS au bateau, un gilet de sauvetage
harnaché au poste de quart également relié par GPS mais en plus comprenant un
système ARGOS intégré (comme les balises). Bon, celui là on a refusé de le
porter, faut pas déconner non plus! Et
quand bien même on tomberai à l’eau à poil, on nous balancerai pas moins de 2
bouées avec flashs, 2 perches avec Flashs et drapeaux, 1 Dan Buoy comprenant la
technologie GPS ou encore 2 survies automatiques comprenant bouffe,
désalinisateur, passeports, systèmes de nav,… Ma foi si on laisse notre peau
dans le Pacifique c’est que le sort se sera bien acharné
Nous poursuivons donc ainsi notre route à travers la pétole,
les Galapagos sont à 700 milles droit devant, encore 5 , peut êtrte 6
jours.
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joyeux joujou que ces lunettes à vision nocturne! |
29/02
Zone convergence ou «pot au noir », bizarrerie
géographique pour les uns, bizarrerie météorologique pour les autres. La
girouette fait ses 2 tours de boussole par jours, le vent passe de la pétole à
ses 17 nœuds sans prévenir puis retombe rapidement… A n’y rien comprendre, on
monte et descend les voiles, on crame au soleil puis on se protège de la pluie
accompagnée d’éclairs….
Bizarrerie tout court. Les jours se suivent ainsi je ne sais
plus comment occuper la mine de mon crayon sur mon carnet rempli de plans du
futur camion et je peine à trouver l’inspiration. Tiens voilà, puisque ça plait
à Yannick je vais tenter quelques portraits, qui ne seront pas à l’honneur de
leurs candidats.
Commençons par le capitaine, Amos. Derrière ses airs de gros
nounours calme, bien portant et bien joufflu se cache un potentiel d’anxiété
qui surprend pour un marin chevronné. Il est animé d’une réflexion incessante
qu’il met au service de la sécurité. Il surveille, dans tous les domaines,
lorsqu’on fume à moins de 5 mètres d’une soute contenant un bidon d’essence
hermétiquement clos, lorsqu’on quitte la mer des yeux quelques instants, chaque
chose à sa place, bien à l’abri d’une chute, d’un incendie, d’une éventuelle
attaque de dinosaure,… Ainsi nous ne mettrons pas un orteil dans l’eau durant
la navigation, ne sait-on jamais, les REQUINS!!!!!! Ah c’est triste quelque
part de voir gâcher le plaisir d’un homme par toutes ces précautions poussées à
l’extrême, comme cet inqualifiable cache nez en plastique pendant aux lunettes
de soleil pour éviter le surplus de bronzage. Il n’en reste pas moins agréable
en dehors de ces petites crises de multiples vérifications du bon ordre des
choses. Son voyage à été préparé, réfléchi (vous imaginez bien), nul place au
doute, si bien que nous pouvons nous concentrer sur notre « formation »,
chaque jour un petit peu plus, la voile, la nav, l’entretien et la gestion du
bateau. Souvent nous avons l’impression même qu’il tire un peu trop sur la
corde, mais c’est oublié lorsqu’il abat sur nous une pluie de félicitations et
de remerciements. Il est un bon parleur, on devine qu’il à préparé chaque
phrase et pesé chaque mot avant d’intervenir, toujours avec calme, la voix
posée. Evidement c’est une compagnie spéciale pour partir à l’assaut de 2 mois
de mer mais qui mérite que l’on s’y attarde, nous avons beaucoup à apprendre de
lui, en prenant soins de respecter d’indispensables périodes d’isolations sans
lesquelles, plus qu’une lassitude, une mutinerie pourrait éclater.
Au tour de Ran maintenant, notre bête noire. Il est de ces
gens dont on devine immédiatement à son comportement et à ses airs suffisants
que nous ne sommes pas du même bord politique ou moral. C’est comme ça, il sent
l’argent, le dédain des plus faibles, il n’a pas son pareil pour snober ceux
qu’il doit certainement qualifier de larbins à son service dans les restos ou
les marinas. Il provoque chez nous deux une irritation incessante qu’il
entretient dans quasiment chacune de ses paroles, de ses gestes. Il s’est
octroyé le rôle de père à bord, nous interdisant des choses comme à des gamins,
avec une manière de nous adresser la parole comme un parent menaçant sa
progéniture en comptant jusqu’à trois pour faire lâcher son bout de pain au
motif que l’on va bientôt manger. Nous tenons bon, nous tenons tête. Je crois
qu’il doit dire de nous que nous sommes en pleine crise d’adolescence. Si bien
que nos échanges sont quasi nuls, nous n’en ressentons point le besoin, nous
nous contentons de le regarder se servir en premier à chaque tablée, se
goinfrer, sans aucune notion du partage, sauf quand celui-ci est en sa
défaveur, là, il l’ouvre. Et ça en fout partout, ça balance le plastique et
l’aluminium par-dessus bord, sa rechigne à la tâche,… Des rares discutions nous
cernons un peu plus le personnage, amoureux du vin dégueulasse dont il se dit
expert, amoureux de « la villageoise » et économiste de profession,
lorsque on aborde le sujet des retraites en France il explique nous autres
pauvres ruinons notre économie, lui qui vante la retraite à 67ans en Israël
dont 3 au service militaire pour faire la misère à ces palestiniens; et autres
banalités faisant du social le fléau majeur… Ainsi nous ne loupons pas une
occasion de rappeler que nous vivons tels des gitans dans un camion, volant
l’eau dans les cimetières et l’électricité aux lampadaires, c’est notre petite
vengeance. Etant cependant amené à vivre ensemble un petit bout de temps, nous
faisant des efforts de communications le temps d’une cigarette, pendant que lui
s’envoie son cigare gros comme mon avant bras accompagné de son sacro-saint
whisky. La langue est certainement une barrière à notre entente car il
semblerait que les autres l’apprécient surtout pour son humour, hélas nous ne
saisissons rien… Ca pourrait être une base pour un nouveau départ…
Je ferais des deux femmes un portait commun pour conclure.
Anat et Maya. Le commencement fut très froid pour Déborah qui à failli en venir
aux larmes pendant les 5 heures de supermarché pour l’avitaillement, réservé
aux femmes, naturellement. 5 heures à n’entendre parler qu’hébreux, les suivant
comme un toutou et se faisant reprendre à chaque initiative de sa part…
Douloureux! Depuis que nous sommes en mer nous devons bien reconnaitre qu’elles
sont passées de sorcières à fées. Elles sont en quelques sorte notre fusible,
toujours souriantes, de bonne humeur, toujours partantes pour une partie de
carte, un jeu, une discution en français faisant remonter leurs souvenir de
l’école. Elles font la bouffe et le ménage plus souvent qu’a leur tour, sont
aux petits soins avec nous, mielleuses.
Voilà la tableau. Alors je me mets à votre place, vous vous
demandez surement ce qu’on fait à bord d’Amosea Island, serions nous pris d’une
folie masochiste? D’autant que les femmes prendront l’avion pour regagner
Israël une fois rendu aux Galapagos, nous laissant que nous 4. Je crois que
nous l’ignorons nous même. Une part d’entre nous a envie d’attaquer le
Pacifique, voilà trop longtemps que nous croupissions en terriens. Avec
l’expérience de tous les embarquements foireux précédents, nous souhaitions
embarquer sur un bateau préparé, pour voir, sous estimant le coté humain
surement.
02/03
Fait notable, à 16h, ancienne heure Panaméenne, à 77 milles des îles équatoriennes, nous venons de franchir l'équateur. Nous naviguons à présent dans l'hémisphère sud.
Durant mon quart de nuit je perçois des odeurs, un mélange de bruyères et de dunes de la bergères, petites notes de guano par dessus, grace aux lunettes de nuit j'aperçois la silhouette verte des cotes, des oiseaux volent autour du bateau.
03/03
Ca y est, levé du jour, nous y sommes, GALAPAGOS!!!!
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Et devinez qui est arrivé juste avant nous au mouillage?
Yvan Bourgnon faisant déjà connaissance avec les otaries! |
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Aussitôt à terre nous nous tordons de rire en étudiant
les otaries, c'est certain, Caya a des gènes équatoriens!
Trop de similitudes dans les expressions. |
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quelques pieds de cactus |
Nous revoyons rapidement toute l'équipe du "defi d'Yvan Bourgnon", grand plaisir de les revoir tous! Ils partent justement à la découverte de la faune, nous sautons dans leur 4x4, excurtion entre français...
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Quelques interviews du principal intéressé rythme la journée...
sponsors oblige... |
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Si on les laisse faire le pont du bateau serait envahi, mais
c'est si mignon!!!
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si elles ne passent pas la nuit sur un bateau, c'est sur la plage. |
Le bateau est maintenant vide d’israéliens, tous sont partis
en excursion à la rencontre des autres îles de l’archipel, en tour opérator à
environ 3000$ la semaine, inaccessible pour nous. Nous passons donc une semaine
à bord du bateau, un peu de temps rien que pour nous, bien mérité et
bienfaisant! Pas d’inquiétude cependant, une liste de choses à bricoler ou à
astiquer nous à bien été donnée au cas ou on ne saurait pas comment occuper notre
temps…
Quelques prérogatives quand on arrive aux Galapagos. En tant
qu’équipier notre visa nous coute 110$, raisonnable, en tant que capitaine c’est
moins cool, Amos a lâché pas moins de 1300$ pour le bateau… Il faut savoir que
de agents du parc national vont venir à bord, contrôler qu’il n’y ai pas de
plantes vertes ou d’animaux par exemple pendant que des plongeurs inspecteront
la coque à l’affut de toute algue ou coquillage indésirable qui pourrait vous
voir refouler votre entrée dans le territoire. Pensez donc à gratter votre
coque avant!
Cependant nous sommes arrivé un trois mars, c’était férié jusqu’au
4 inclus, durant cette période il n’y a ni contrôle du bateau ni des personnes,
on peut donc truander et faire escale gratuitement pendant cette période de
carnaval… si jamais…
Ce matin, 07/03, Yvan prenait le large, nous avons été
saluer l’équipe comme il se doit, le petit catamaran s’éloignant puis faisant
demi tour… Aie, souci électrique! Notre aide est requise, c’est avec plaisir
que nous participons et 1 heure plus tard les voiles des deux bateaux gagnaient
le large pour de bon, rendez vous aux Marquises !!!!