Chères familles, chers amis, chers retraités, chers actifs, chers
écoliers, chers assistés (LOL, MDR, drôle), chers nouveaux camping caristes,
chers camping caristes avertis, chers extraterrestres (Caya), chers pêcheurs,
chers à saucisse, chers lecteurs!
Sachez que nous pensons souvent à chacun de vous, vous nous manquez un
peu (mais pas trop). Nous aimerions souvent vous prélever à vos occupations un
instant pour vous avoir à nos côtés et vous montrer ce qu'on est en train de
vivre... On se contentera d'écrire!
Il y a du changement, du bon! Aujourd'hui 12 novembre 2013 à 17h20 nous
doublons le cap finistère et franchissons le 43ème degré Nord, signant ainsi
notre sortie du golfe de Gascogne! Libération! [NDLR : IDEE RECETTE, ce soir
mangez rapide, mangez liquide, partagez cette victoire en trinquant jusqu'à
plus soif tout en entonnant des chants révolutionnaires sur le thème de la
libération.] Notre mérite n'est cependant pas si fameux car beaucoup de gasoil
aura été brûlé pour en arriver là. "M'enfin" concluait si bien Gaston
Lagaffe.
le cap finistère
30 heures de nav séparaient La Corogne de Gijon, 3 seulement ont vu les
voiles hissées. Nous rasons de près les récifs de la pointe N-O espagnole au
son du moteur, la côte est mystique, ça ressemble à la bretagne, façon
Ouessant. Des rochers pointus et hostiles sortent de l'eau, en arrière plan des
flancs de montagne abrupts avec des cascades qui tombent dans l'océan depuis le
sommet. Le tout sous un ciel aux couleurs d'orage, je vois d'ici les comptes et
légendes locales. Nous nous promettons de revenir nous balader par là après
notre grand voyage.
Escale expresse à la Corogne, nous marchons dans les traces d'Anna et
Ronan. Nous entrons dans la ria vers 1h du matin en dépassant le phare
d'hercule (Fi(4)20s), nous sommes devenus experts dans les navigations côtières
nocturnes et les interprétations des balises et de leurs lumières. Le port est
immense, tellement que l'on se perd le long des quais de la criée en pleine
activité, finalement nous finissons par trouver la pompe 24/24 chez les
plaisanciers et nous reprenons aussitôt le large le ventre du bateau plein de
carburant, il est 2h30.
L'ambiance est bonne à bord, c'est en partie grâce aux pignonades de notre
capitaine. Nous avons nommé ainsi les éphémères instants où la situation
inattendue rencontre le manque de discernement (c'est pas facile à expliquer),
comme précédemment le coup des soutes pleines de bidons vides. En voici
quelques unes. Nous longeons les côtes espagnoles depuis quelques jours
maintenant quand soudainement Philippe s'étonne de voir la côte à bâbord. Il
arrive qu'il sorte de son sommeil (en plein rêve hasardeux) en lançant
"hisser la grand voile", "empannage", ou plus récemment à
7h00 du matin "sortez les tomates, on va faire du taboulet". Il est
aussi capable en nav de nuit de soutenir mordicus que la lumière blanche qui
nous précède, passant d'un bord à l'autre puis disparaissant dans un port est
la lumière d'un phare signalé sur la carte à 59m de haut. Enfin c’est un peu
moqueur mais on s’en régale tous les 3 et en redemandons ! Philippe est un
personnage à l’image de son navire : haut en couleurs !
A l ‘heure où j’écris ces lignes sur un brouillon le cap finistère est
derrière nous depuis 30 milles, il est 21 heure, je viens de finir mon premier
quart. Nous faisons cap plein sud, poussés par un vent de nord qui nous mène à
près de 6 nœuds de moyenne. La lune inonde la mer qui est enfin devenue calme,
c’est le pied total ! D’autant que les dauphins nous ont rendu plusieurs
visite aujourd’hui, on s’est rendu compte qu’on pouvait les exciter en jouant
des rythme sur la coque. En m’allongeant a plat ventre sur l’étrave j’arrive à
les toucher lorsqu’ils frottent le bateau !
***
KAROUTCHO !
J’entame mon deuxième quart de nuit (de 2h à 4h). Entre temps la mer n’est
plus du tout la même, la GV qui était ouverte en ciseau avec le génois a été affalée,
le vent toujours N à forci (20N) et le houle croisée complètement désordonnée
et déferlante est de plus en plus serrée. Bon… Dès la première demie heure je
comprends que le génois mérite un bon ris, Philippe, chaudement installé dans
son duvet me propose son aide, j’accepte. C’est dans l’instant qui a suivi que « l’événement »
est arrivé. Bien que des leçons déjà connues en ont été re-tirées, comme la
ligne de vie obligatoire de nuit, son issue est heureuse, c’est pourquoi nous l’avons
classé dans les pignonades (ultime). Notre capitaine enfile en hâte quelques vêtements
et me rejoins dehors. Préparation à la manœuvre, le voilà alors a genoux sur le
banc sous le vent, la tête passée par la chandelier à l’extérieur du bateau
pour observer le génois. C’est alors qu’une formidable vague nous a littéralement
abordé par bâbord, déferlant et remplissant la « baignoire » en même
temps qu’elle a fait giter le bateau au point de la remplir davantage par le
coté tribord. J’ai juste eu le temps de m’agripper à la filière d’une main, et
voyant Philippe disparaitre entièrement sous le bouillon, de l’agripper par le
jean de l’autre. Le bateau très équilibré n’a pas mis bien longtemps à se
redressé, découvrant Philippe, trempé et hébété, avec une tête que je ne suis
pas prêt d’oublier ! 24h après j’en rigole encore jusqu’aux larmes !
Le malheureux était juste venu donner un cout de main entre deux cycles de
sommeil. Finalement nous affalons tout et démarrons le moteur.
La mer est restée agitée comme ca toute la journée suivante, nous nous
tordons de rire a chaque fois qu’on relate « l’événement ». Deb est
peut être moins sujette au fou rire, elle est excédée par le bruit du moteur et
renverse systématiquement son café à cause de la houle. Une petite sieste et
quelques notes de Gilberto Gil plus tard elle retrouve sa pêche.
Ca y est, nous sommes amarinés, cette mer derrière son côté invivable à
bord ne nous donne plus souci, au pire au petit trouble du ventre qu’une sieste
dissipe rapidement.
Nous avons renfilé le génois seul vers 13h et l’avons gardé jusqu’à
Lisbonne, une trentaine d’heures plus tard . Trentaines d’heures qui ont
comprises une nuit douce, calme, sous les étoiles et la lune, révélant au petit
matin les premières îles portugaises au large du Cabo Carvoeiro. Levé de soleil
et dauphins encore au RDV. Grace aux dauphins on note un changement d’eau,
jusqu’à maintenant lorsqu’ils nous montraient leurs ventres le reflet laissait
paraitre une eau verte, maintenant elle est bleue. Autre rencontre inattendue à
laquelle seulement moi et Sim avons eu l’honneur d’assister : une baleine
est venue reprendre son air et crachant son jet de brume est apparue à quelques
dizaines de mètres sur notre bâbord, attirant dans son sillage les dauphins qui
nous accompagnaient. Gigantesque ! Nous aurons bientôt d’autres rencontres
avec les cétacés.
La halte à Lisbonne est très attendue, en entrant dans la rade du Tage
on débouche une bouteille de rouge, il commence à faire nuit, une fois de plus
nous nous exercerons aux interprétations des balises. Dire qu’au départ il n’était
pas envisageable d’entrer dans les ports
de nuit (par sécurité), quitte à attendre le jour au large… Lisbonne est
attendue, certes, mais comme a la Corogne, brève. Pas le choix, Cedric, le
cinquième équipier à déjà atterrix à Marakech et se dirige vers Agadir, il
devrait y être 5 jours avant nous. Le RDV que lui avait fixé Philippe ne
comprenait pas qu’on prenne le temps d’enfiler autant de perles dans le golfe
de Gascogne.
Nous remontons la rade, passant les monuments, ca sent bon dehors.
Aussitôt amarrés au ponton de la marina nous filons en tenue de quart nous
perdre dans quelques quartiers et atterrissons dans un petit resto populaire,
poulpe, morue, daurade, vin, bière, wouah ca fait du bien !!!!!
Avitaillement le lendemain matin et départ, nous sommes tout les 4
tristes de quitter cette ville si accueillante et jolie. Une fois de plus on se
promet d’y retourner.
Dans 4 à 5 jours, Agadir !!!!! Je vous le donne en milles :
500.
Prière d'avoir l'impression que cet article à été posté le dredi 14 novembre. Amen!