Tout d’abord un peu de publicité. Ce n’est pas les habitudes
de ce blog mais une rencontre inattendue issue d’un joyeux concours de circonstance
m’amène à vanter les mérites d’une bonne adresse pour vacanciers désireux de
camper dans un endroit chatoyant et d’en garder des souvenirs et des amis
jusqu'à l’autre bout du monde : le camping à la ferme La Rivière à
Laguépy, à coté de Villefranche de Rouergue, Aveyron!
***
Depuis nos dernières nouvelles tout à été très vite, C’est
en flânant à la marina Taina de Punaauia que nous rencontrons Alain et Serge
devant le tableau d’affichage sur lequel nous nous apprêtions à placarder notre
annonce d’équipiers. Ils prennent le large le lendemain matin, embarquement
prévu à 11h30…
Ainsi commence la délicieuse virée vers les îles sous le
vent, en amoureux.
A quelques jours près cela faisait un an que nous n’avions
plus navigué, nous reprenons immédiatement nos repères et redevenons équipiers,
la prise en main du Sun Fizz se fait sans soucis! Avec Alain et Serge ca colle
tout de suite aussi. Ce sont 2 vieux potes, Alain est médecin à l’hôpital de
Raiatea, c’est une pate, le cœur sur la main, la tête pleine de projets de
voyages. Serge n’est pas français, il est breton, grande gueule, plein
d’humour, retraité de l’éducation nationale, ses loisirs : bricoleur et
skipper pour les amis. 24 heures de nav nous ont menées à Raiatea, la moitié au
pré, l’autre au moteur, c’est un régal de se retrouver à nouveau en mer au
milieu de rien, surtout la nuit!!!
Raiatea droit devant |
Bora Bora en arrière plan |
Alain et Serge |
L’approche de l’île est magique (ça nous fait toujours ça d’arriver dans un lieu inconnu en bateau), la proximité des îles, vue sur Tahaa, Huahine et Bora Bora, un lagon de carte postale, un décor de rêve. Aussitôt amarrés au ponton de la marina d’Uturoa Alain prend les devant, nous avions prévu camping sauvage, tente et duvet, il nous laisse son bateau le temps de notre séjour, ce sera comme à l’hôtel avec ventilateur et paréo.
Nous avons quitté notre « frais » plateau de
Taravao, ici c’est une fournaise, nu en paréo c’est déjà de trop! Puis nos
compères rentrent chez eux, le jour décline, nous nous retrouvons tous les deux
à bord, ce n’était pas arrivé depuis les Galápagos, on se perd entre souvenirs
et avenir, tout tourne autour de la navigation… Le choix de la destination
n’est pas anodin, ici se trouvent la majorité des bateaux en vente en
Polynésie, cerise sur le gâteau, le bateau voisin est justement le Kelt en
vente que nous avions repéré via internet… On bave, il est splendide!
Dès le lendemain nous le visitons après avoir contacté le
broker (agence de vente), tout y est, il est équipé hauturier, bien entretenu
et sain. Sa belle carène en fait un voilier plus destiné à la régate qu’à la croisière,
l’espace intérieur s’en ressent, un peu étroit mais pourquoi pas… Nous
établissons un planning de visite du parc de vente pour les prochains jours.
Parallèlement
Alain a été touché par nos désillusions tahitiennes et se démène pour que nous
passions un super séjour de détente. Ayant le diplôme de moniteur de plongée et
étant très proche d’un club il nous invite à découvrir le tombant de la passe
poissonneuse de Teavarua. 30 minutes à 6 mètres, gros délire, noyés dans le
monde de Némo on a particulièrement retenu les murènes, la visite d’un Napoléon
et d’un requin pointe noire. Damned, pas d’appareil photo étanche, a vous
d’imaginer…
L’élan de générosité ne s’arrête pas là, Alain parle de nous
à l’hôpital et une de ses collègues nous prête son kayak de mer. Super sortie,
on passe des hauts fonds d’eau turquoise du lagon au grand bleu du large, on
suit de quelques mètres l’aileron d’un requin et on reprend la passe le long du
motu. Cette fois à la nage, je manque de quelques centimètres de me faire à nouveau
tortue-tracté… Le retour s’est révélé plus délicat, nous avions ramé comme des
marteaux vers le large, impossible en fin de journée de savoir d’où nous étions
partit… Après 2 bonnes heures de pagaies intensives à longer la cote dans un
sens puis dans l’autre nous accostons le long ponton privé, enfin! La nuit
tombe…
Les visites se poursuivent, du vieux, du moins vieux, avec
travaux à prévoir, prêt à naviguer, en alu, en acier, en polyester, des
conceptions amateurs, des grandes séries, nous oscillons de déceptions en coup
de cœur. L’un d’entre eux se démarque et reste toujours en tête : un Mélody
(Janneau) de 82, 10m, très bonne réputation, son équipement rassemble tous nos
critères, il est sain (rapport d’expertise à l’appui), un défaut : je ne
tiens dans aucune couchette, le carré devra devenir un lit… Pas de
précipitation, on garde la tête froide, on n’est pas pressé.
Nous marchons pas mal mais restons dans le bourg
d’Uturoa et ses alentours, l’idéal serait de trouver une voiture pour parcourir
les 87km du tour de l’île. Même pas le temps d’espérer qu’Alain nous propose
déjà la sienne et vu l’engin on pourra sortir un peu des sentiers battus. Une
journée pour faire un bon tour de Raiatea suffit, nous en prenons plein les
mirettes, rien à voir avec Tahiti, c’est très propre, très entretenu, les
couleurs de la montagne et du lagon nous font
halluciner!
une des nombreuses fermes perlières |
vanilleraie |
Huahine au loin |
il est fou ce lagon, hein? |
chaire de coco qui seche : le coprah, ingrédient du monoï |
Une halte sur un site historique et mystérieux à la fois
mérite qu’on s’y attarde : le marae, sanctuaire ou avaient lieu les
cérémonies religieuses, culturelles et sociales. Celui-ci est célèbre, le marae
Taputapuatea est le site majeur du monde Ma’ohi, il vaut à Raiatea le nom de
berceau des civilisations polynésiennes. Il fut au centre d’une grande alliance
religieuse et politique regroupant Raiatea, Tahaa, Bora Bora, Huahine, Tahiti,
les îles Australes, Cook, Fidji et la Nouvelle Zélande! Un véritable complexe
cérémoniel, on y accostait avec les doubles pirogues à voile que l’on rangeait
dans des hangars, puis on accédait à la cour pavée entourée de pierres dressées (qui avaient une fonction généalogique). Des
pierres-dossiers servant d’appui aux prêtres et aux chefs étaient décorées de
pièces de bois à l’effigie des divinités (To’o) ou représentant les familles
(Unu). Trois Fare (maison) étaient construits, le Fare iamanaha (maison des
trésors sacrés), le Fare tupapau (maison des morts) et le Fare ti’i (maison des
idoles). Quelques mystères planent toujours sur le site comme les
réorganisations généalogiques faisant du clan des Teva ou des Pomare les
fondateurs de ce marae. On se pose également toujours la question des pratiques
de sacrifices humains… Une chose est sure, la Christianisation est venue
ébranler et mettre un terme à ces traditions…
tiki |
C’est vraiment un régal de se perdre dans les livres et
documents de la découverte de la Polynésie. Si Magellan fut le premier
(Tuamotu, 1520), on retient surtout Wallis (Tahiti, 1767), Bougainville (1768)
et Cook (3 voyages : 1769, 73 et 77). La découverte des
« sauvages » n’a pas mis longtemps à motiver l’envoi de missionnaires
par la London Missionary Society qui après s’être cassé les dents finirent par
convaincre grâce à l’enseignement de la bible dans les écoles (1803) et aux
répressions violentes contre les croyants traditionnels Polynésiens. Et bien
sur au milieu de tout ça il y a eu la plus célèbre mutinerie de l’histoire de
la navigation, la Bounty! Le 26 octobre 1788 le navire anglais commandé par le
capitaine Bligh entra dans la baie de matavai afin d’exporter les fruits de
l’arbre à pain vers les Antilles. Après plusieurs mois d’escales les hommes
d’équipages refusèrent de quitter ce paradis et ses vahinés et prirent le
contrôle de la Bounty sous les ordres de Fletcher. Bligh et 18 des ses hommes
furent abandonnés en pleine mer dans une chaloupe qui les mena vers les cotes
indonésiennes après 6000 km de dérive!!! Le clan des révoltés se divise en 2,
un groupe décide de rester à Tahiti et l’autre par peur de représailles
colonise l’île de Pitcairn ou l’on s’aperçu 18 ans plus tard que la majorité
des habitants portaient le nom de Fletcher… Le groupe restant à Tahiti a
largement influencé l’histoire, notamment
par l’introduction des armes, et en facilitant la mise en place de la
dynastie Pomare, dont les rois furent plus bienveillant a l’égard des européens
qu’a l’égard de son peuple en marquant par les armes la fin des cultes
traditionnels pour la religion protestante. Bligh ayant regagné l’Angleterre,
la vengeance de la couronne contre les révoltés eu lieu, la marine anglaise
envoya le navire de guerre La Pandorra cueillir les mutins à Tahiti, 10
seulement sont arrivés vivant en Angleterre, tous furent jugés, trois furent
pendus.
Il y avait de quoi se révolter quand même. Les mutins comme
les premiers découvreurs ne sont pas restés insensibles aux charmes des îles et
de leurs vahinés, il faut dire qu’a l’arrivée de Wallis les marins découvrir
des femmes nues et du sexe partout : dans les danses, les discutions et
les mœurs, la pratique était tellement courante qu’une sorte de prostitution se
mit en place, entamant le déclin de cette civilisation, les faveurs des vahinés
était troquées contre des poignées de clous, ensuite recyclés en hameçons. A tel
point que les marins commençaient à arracher les clous de leur propre navire. Depuis
que l’évangélisation a pris racine, le mythe des puissants Ma’ohi et de leurs
belles et fines vahinés aux charmes envoutant s’est envolé. L’occidentalisation
en a fait des gens fortement sujet à l’obésité, pudiques, croyants jusqu'à la
moelle, parfaits clients de la société de consommation à l’américaine
(malbouffe et gros 4x4 à crédit),en exagérant un peu on peut dire qu’il y a
plus d’églises ici que de commerces : catholiques, protestants, sanitos,
témoins de Jéhovah, adventistes du septième jour (mormons), du premier jour, ou
encore du jour dernier. Heureusement quelques coutumes ont survécues aux
interdictions imposées par les missionnaires comme les sculptures (tikis), les
chants, les danses et les tatouages. Coté métissage on compte 4 groupes :
polynésiens, tinitos (chinois), popa’a (européens) et demis (être « popa’a
et demi » signifie avoir un parent européen et un parent local). Tous
cohabitent tellement bien qu’il n’existe plus de purs ma’ohis. En bref la
population d’aujourd’hui (dont la moitié à moins de 20 ans) forme plus qu’un
peuple : une famille solidaire. Le polynésien est timide, poli, gentil, et
nonchalant bien sur! Il le dit lui-même : l’homme n’est pas fait pour
travailler, la preuve, ca le fatigue. La terre est si généreuse, l’océan si
poissonneux. Un terrain, des cocos et des urus, une pirogue pour la pêche, un
surf, et de la bière Hinano bien sur! Ce détachement vis-à-vis de l’argent est
si rare pour un pays touristique que cela risque de ne pas durer, d’ailleurs la
machine est en route, surtout à Tahiti, la société de consommation rattrape les
mœurs… Enfin je crois qu’il y a une chose qu’on ne pourra jamais leur
enlever : leurs sourires spontanés!
Voilà, je me suis enflammé… un peu de culture dans ce blog
que diable, on parle toujours de nous… Quoiqu’il en soit ce petit descriptif
fait usage sans retenues de raccourcis historiques, omettant certainement
quelques moments clés, mais je pense que cela doit vous donner une image assez
honnête des sympathiques autochtones qui
nous entourent et nous charment.
incontournables truck, transports en commun local |
vue sur Taha'a depuis le sommet du Tapioï |
frontière de corail entre lagon et océan |
nous croisons chevaux, bovins et cochons en liberté |
Après toutes ces sorties et activités géniales nous
commençons à nous sentir redevables envers Alain. Le bougre a bien saisi le besoin
de vacances et de détente qui nous habite, on dirait qu’il prend cela comme un
challenge : nous faire sentir bien, et ca marche. En retour nous devons
insister pour lui rendre quelques services, il cède, nous allons nous occuper
de son jardin, taille, tonte, vernissage de la terrasse en bois et un petit
ménage dans son séjour… A son tour Alain trouve qu’on en fait beaucoup (il est
très gentil, n’est ce pas?), a ce train là on n’atteindra jamais l’équité, il
décide de financer notre apprentissage de la plongée sous marine jusqu’au
niveau 1… Que dire???? Qu’il est
vraiment appréciable de rencontrer des gens pareil en voyage! S’il n’y avait
que lui encore, ca serait juste génial. Mais il se trouve que depuis notre
arrivée à Raiatea tous les gens qu’on rencontre, popa’a et locaux nous font un
accueil inoubliable, cet endroit est un concentré d’âmes sensibles semble t il…
Il y a les voisins de ponton à la marina, d’un certain âge, certe, un ancien
pilote d’hélicoptère (il me donne du rêve) et
encore ces vieux loups de mers, navigateurs solitaires ou en
couple, multi-tour-du-mondiste, ayant
trouvé refuge ici pour couler de vieux jours. Toujours soucieux de savoir si
nous nous plaisons, soucieux de notre envie d’acheter un bateau sans se faire
avoir, pleins de conseils à ce sujet sans virer au monologue, et toujours parés
pour un apéro de ponton au couché de soleil. Merci à vous!
Petite anecdote ou
morceau de vie choisit qui mérite d’être raconté, l’histoire se déroule autour
d’une des traditionnelles roulottes, véritable institution, il s’agit de camionnettes
bricolées ou l’on vient manger le soir en famille des plats fait sur place à
base de grillades, de chao men (nouilles chinoises) ou de poisson cru. L’une de
ces roulottes se trouve le long du quai du petit port du bourg, dans une bonne
ambiance chaude et sous la lumière tamisée des lampadaires, c’est celle que
nous avions choisit. Après avoir passé commande nous allons flâner au bout du
quai dans la pénombre, curieux de savoir ce qu’une femme et sa jeune fille
péchait avec leur cannes en bambou. La discussion démarre avec une simplicité
amicale, la mère tout sourire nous montre les rougets au fond du sceau pendant
que la fille avec la même joie nous explique la préparation en friture qui
attend les pauvres poissons en ajoutant que cela allait la régaler pour son
petit déjeuner… Là-dessus un homme baraqué comme un tonneau vient s’excuser de
nous déranger et nous informe que notre commande est prête à la roulotte, il
n’est rien de moins qu’un client qui à coupé son repas pour venir nous
chercher, le tout avec un sourire et une politesse à faire pâlir n’importe quel
français… Je n’en reviens pas de la gentillesse des gens… Merci à vous aussi.
La magie ayant déjà opéré, nous baignons dedans, vient
s’abattre sur nous ce qu’on pourrait appeler le clou du spectacle, l’apothéose!
Le lendemain nous rencontrons encore un homme qui ne nous veut que du bien. Il
s’agit du gérant d’une société de location de bateau, la même pour qui nous
avons convoyé le God Speed Mary à travers l’atlantique jusqu’aux îles vierges.
Nous sommes allé vers lui pour cueillir des infos sur la location de voiliers
en vue d’un éventuel projet futur dont on aura peut être le loisir de reparler
plus tard. Non seulement il a répondu à toutes nos questions mais il nous a en
plus donné toute une batterie de documents sur la location, les contrats type,
ajoutons à cela des cartes maritimes des îles sous le vent, un guide des
mouillages de la zone… Ca ne s’arrête pas là, il nous informe qu’un de ses amis
vend un bateau ici, un Mélody… Le fameux Mélody… Du tac au tac il saisit son téléphone,
appelle l’ami en question, lequel est encore à l’aéroport de Raiatea, dans la
salle d’embarquement. Si on veut le rencontrer il faut faire vite, notre héros
donne l’ordre à une de ses employé de nous conduire à l’aéroport en quatrième
vitesse en nous expliquant comment reconnaitre notre interlocuteur : un
homme bedonnant, très gentil, un certain M. Bréard, répondant au surnom de
loulou… Je m’arrête net! Certain d’entre vous aurons compris… pour les autres
ce nom est le même que celui d’un loulou, père d’une très sympathique
famille que l’on retrouvait lors de haltes annuelles dans le fameux
camping La Rivière quand j’étais ado… Je
creuse un peu, sa femme s’appelle Thérèse, ils viennent de région parisienne,
mon cœur s’emballe, je ne peux me décrocher de se sourire niais qui s’est
accroché à mes lèvres en montant dans la voiture. Puis l’arrivée devant le
parking, je le vois, c’est bien lui, loulou, et paf, tous ces souvenirs qui
remontent, le camping à la ferme en Aveyron, les parents, mon sourire niais ne
relâche pas et je le transmets à Deb, je suis immensément content de cette
improbable rencontre! Je crois que nous avons enfin cessé de sourire plusieurs
heures plus tard, après avoir échangé nos coordonnées et bu une bière express
au bar de l’aéroport, après être rentré en stop au bateau, après avoir mangé,
après nous être couché, en fait on a du décontracter nos mâchoires en s’endormant,
heureux…
Les jours suivant ont été dédiés à l’apprentissage de la
plongée, nous plongeons les matins et siestons les après midi, en fait ce sport
demande énormément d’énergie! Progressivement nous descendons, jours après
jours les exercices s’enchaînent, ainsi notre troisième plongée nous emmène à
22m, en bas du tombant de la passe. Comme la surface parait loin! Nous sommes
accompagné par un Bec de Canne pendant une bonne partie de la plongée, et
surtout nous avons eu la chance d’avoir la visite d’un requin gris, gros
bestiau plus grand que moi et très curieux, il est passé plusieurs fois en
dessous de nous pendant qu’on était Deb et moi partagé entre fascination et
inquiétude. Notre quatrième fut la dernière plongée, nous avions atteint le
niveau 1 rapidement. Pour une dernière nous avons été gâté, visite de l’épave
du Norby, 3 mâts de commerce ayant fait naufrage en 1900. Contrairement aux
précédentes descentes qui furent progressives en suivant un décor, celle-ci m’a
donné l’impression de faire de la chute libre, nous avons parcouru les 29m en
nous laissant glisser tout droit tout en décompressant sans arrêt. Drôle
d’impression de sentir la « vitesse » de l’eau sur la peau, il faut
dire que nous n’avions pas de repère, l’eau trouble en cet endroit à vite fait
disparaitre la surface au dessus de nous alors que le fond n’est apparu qu’au
dernier moment, dévoilant l’immense épave. Dès l’arrivée nous nous immisçons
dans une petite brèche sur le pont du navire, celui-ci étant couché sur le
flanc bâbord. A l’intérieur il faut allumer sa lampe, nous nous baladons entre
les 2 ponts dont il ne reste que les membrures en acier, un tas de chaîne et
une ancre gigantesque, et parcourons les 60 mètres de long du bateau en faisant
halte dans une bulle d’air géante prisonnière dans la coque, ainsi nous avons
pu nous parler au fond de cette épave, génial! Enfin nous ressortons et
admirons l’épave de l’extérieur, pas de requin ni de Napoléon cette fois, en
revanche il y avait une multitude d’huitres grosses comme des assiettes, de
nombreux et gros chirurgiens, un mérou d’un bon mètre et un Ptéroïs, magnifique
mais au venin extrêmement douloureux, à regarder seulement…
voici quelques images piquées sur le net afin de vous donner une idée des bestioles que nous avons rencontré:
le requin gris de récif |
le majestueux napoléon |
le ptéroïs ou poisson scorpion |
l'interieur du Norby |
Ainsi s’achève les cours de plongée, nous avions pris le
rythme de partir plonger après le petit dèj, on a l’impression de s’ennuyer
quand tout cela est fini, heureusement le vieux marché d’Uturoa ouvre ses
portes dans le cadre du FIFO (festival international du film-reportage sur
l’Océanie) ou des projections gratuites ont lieu. De toute manière il est temps
pour nous de rentrer, nous avons trouvé un convoyage d’un monocoque pour une
société de charter mais pour la fin du mois, un retour en avion parait plus
raisonnable au niveau timming mais terriblement couteux. Une fois de plus c’est
Alain qui nous sort de la. Il vient de faire la connaissance d’un propriétaire
qui fait rapatrier son catamaran de Tahaa (l’île voisine) à Tahiti dans
quelques jours, il nous met en contact, bingo, nous avons une place à bord.
Encore un signe, le skipper qui est en charge du convoyage n’est autre que
l’expert qui à examiné le Melody et avec qui nous aurons beaucoup à discuter…
Car une inspection plus poussée de notre part sur chaque face de ce fameux
voilier prometteur à révélé quelques frais supplémentaires comme un jeu au
niveau de la crapaudine (safran) et le gréement dormant à inspecter de près, ou
plus sérieusement, à changer. Pas de panique, même si on est toujours très
intéressé, il nous reste encore des bateaux à visiter à Tahiti, nous attendons
beaucoup d’un Dufour34 de 1974, très prometteur. A suivre…
nous rasons les motus de près |
Nous quittons Raiatea, prenons la navette qui relie l’île de
Tahaa et embarquons sur le cata à convoyer après avoir fait la connaissance du
skipper. Finalement nous quittons Les îles sous le vent pour une nav de 110
milles au pré très serré (ce parcours à mauvaise réputation, on en avait déjà
entendu parler), nous faisons la connaissance de nos équipiers, il s’agit de la
femme du skipper et de ses parents, très bonne équipe! Rapidement la discussion
s’oriente vers nos ambitions de futurs capitaines, tous autours de nous sont
des marins aguerris et propriétaires de bateaux, le chef du bord est également
propriétaire d’une boite d’expertise et vendeur de bateaux. Nous exposons notre
enquête réalisée à Raiatea, tous acquiescent pour le Mélody mais ils tiquent
aussi sur une occasion que nous n’avons peut être sous estimée, un Hunter 356,
voilier moderne de 2002, équipé comme un porte avion, à sec depuis 5 ans car
son propriétaire est en France pour raison de santé. Petit bémol, ce beau
voilier à subit un tsunami à l’île Pâque et à quand même réussi à regagné
Raiatea ou des travaux ont été entrepris par un chantier pour le remettre en
état. La parole de l’expert nous invite à vraiment se pencher sur ce bateau,
nous propose son expertise afin de mesuré la qualité des travaux et la
fiabilité de l’engin. Selon lui il y a de très fortes chances que ce chantier
est réalisé un très bon travail, il nous encourage donc mener une enquête en vue d’être éventuellement
propriétaires de ce voilier de 20 ans de moins que le Mélody… A suivre, tout
est chamboulé dans notre tête…
30 heures de navigations plus tard nous accostons à la
marina taina à Tahiti, la navigation a été rude, j’ai pris mon quart avec un
peu de vomi dans la moustache… Nous confirmons, c’est pas drôle de naviguer
vers l’est dans ce secteur! Puis un peu d’autostop et nous voici de retour au château,
nous retrouvons Charles qui commençait à s’impatienter de sa solitude d’une
part, mais surtout d’un retour vers la France.
Le pauvre est très amère de l’échec, le deal avec Yvan est mort, broyé,
notre groupe est éclaté, il est évidement déçu de notre souhait de poursuivre
en couple et donc de ne pas avoir de place à notre futur bord pour un voyage
sur long terme… Mais notre décision est prise… Nous sommes forcément tristes de
le décevoir ainsi, il n’a donc plus qu’un seul but, retourner en France pour
tourner la page de cette défaite.
En attendant vivement la suite…