Si seulement c’était aussi joyeux et simple que ca
devrait l’être… Une douloureuse certitude doublée d’une inconfortable
incertitude plane sur le Fenua… Désormais c’est acquis, l’anomalie El Nino
atteint des records de précocité, les experts sonnent l’alarme, statistiques à
l’appui : le risque de voir se créer des cyclones puissants dès novembre
est fort. L’incertitude est : quelles seront leurs trajectoires?
Tout le monde n’a que ce mot à la bouche : CYCLONE.
Chacun se prépare comme il peut, on attache les maisons, on double les corps
morts, on fait des provisions de nourritures, de bouts, de chaines,…
Une ambiance un peu inconfortable pour nous, il faut être
prêt à naviguer le plus vite possible, négliger les finitions pour avancer,
redoubler d’ardeur à la tâche et enfin se prévoir un plan de navigation vers
les abris théoriques : cap vers les Marquises.
On ne chôme pas donc, voici quelques grandes avancées en
images sur les derniers travaux. Oui je sais vous préférez le blog lorsqu’il y
est question de beaux paysages, de baleines et d’orpaillage, figurez vous que
nous aussi, il est temps de changer d’activité, la motivation décline au même
rythme que le contenu du coffre au trésor qui nous a permis cette aventure.
Depuis que Ronan est parti il a bien fallu se remettre à
la tâche, à commencer par la sellerie, intégralement cuite. Celle du carré à
été confiée à une boite de confection sur mesure, tissus étanches, super
boulot! Pour celle des cabines on a mis la main à la patte en passant par
l’acquisition d’une machine à coudre. Résultat correct pour une première en
combinant les savoirs de couturière de Deb et mes connaissances en
chaudronnerie.
Depuis le temps que l’énergie nous manque on a finit par
s’y coller, création d’un nouveau parc à batterie, mieux disposé au niveau
équilibre du bateau, et pourvu de batteries à faire pâlir tous les
camping-caristes. Bref, autonomie assurée!
30 éléments de 1,2V, c'est beau! |
Tant qu’a être dans l’autonomie on visite la cuve d’eau
en créant la trappe de visite. Ne croyez pas que deb a été amputée d’un avant
bras, disons que c’est la seule à pouvoir passer le bras par la trappe pour
retirer la boue. Pour la révision et la mise en service d’au moins un des deux
désalinisateurs on attendra les Marquises.
une vieille truelle et une chambre à air : une trappe de visite |
Notre maison nous servant encore d’atelier on ne peut pas
passer à coté des fruits qui pullulent dans le jardin, surtout les caramboles.
On s’accorde une demi-journée pour faire le stock de confitures, on en partage
avec les amis en bateau qui préparent déjà leurs traversées vers les Marquises,
certains sont déjà partis depuis plus d’un mois, ca nous rappelle à l’ordre, on
retourne au boulot!!!
Autonomie toujours, vu le prix des recharges de camping
gaz on pense sérieusement à embarquer une 13kg, mais si nombre de voileux
tolèrent de voir pisser de rouille leurs bouteilles sur la jupe, on ne peut
décemment pas imposer ca à Arumbaya! Pas d’cheu dans mon canot’!
Seule solution, faire du tunning à partir du petit coffre
existant. On s’est bien creusé la cervelle, entaillage du coffre, création d’un
moule, cirage du dernier et enfin 6h de strat non stop. Petit détail en ce qui
concerne la cire de démoulage vendue une fortune dans le commerce, on a tenté
la cire à chaussure, 16 fois moins chère, résultat impeccable, démoulage
intact! J’espère que ca servira à un lecteur!
le parc à gaz d'origine |
débit du soji pour le moule |
roulage et collage, chercher l'erreur... |
moule terminé |
une bonne épaisseur de strat par dessus |
démoulage super, plus qu'à peindre. |
La soute à voile qui était encombrée par l’ancien parc à
batterie couvert d’électrolyse retrouve un volume intéressant, pourtant
méfiance, son remplissage intervient directement sur la gite.
Enfin, voici venu le temps de la dépose du moteur, tant
attendue!!!
Nous avions réservé cette opération pour Patrick, le
mécano de la marina. Il se sera passé 3 semaines entre ce moment et le retour
du moteur à bord. L’engin à été gratté de toute sa rouille et repeint, on
dirait qu’il est neuf! Hélas les disponibilités de notre homme n’aura pas
permis la grande révision espérée, on se la réserve aussi pour les Marquises…
en premier : trappes d'accès par le coté, plus pratique! |
on ne peut que constater l'état de rouille du moteur |
c'est parti, un palant sur la bôme, chaud devant |
Et 3 semaine plus tard, le retour |
Alors????? |
Le chantier du guindeau était très attendu lui aussi. Je
ne pourrai passer à coté du super coup de pouce des anciens propriétaires qui font
vraiment leur maximum pour que la remise en état se déroule au mieux, notamment
en fournissant un guindeau neuf pour une poignée de sous. Un grand merci à eux!
Et aussi à Ronan, devenu ambazardeur arumbayen en France, acheminant le
matériel via la poste en tentant de nous épargner les douloureuses taxes
douanières. Presque réussi, nous avons bien fini par être confronté à
l’autorité en y laissant quelques plumes… Ceci étant pour la parenthèse je
déplore les techniques douanières locales estimant eux-même les valeurs des
colis (à la hausse bien sur) et qui pour sceller notre accord (pas le choix)
nous font remplir un faux document sur l’honneur de l’expéditeur, paraphé de la
fausse signature de ce dernier…
Le guideau donc, ce moteur électrique qui permet de
remonter l’ancre sans y laisser quelques précieuses vertèbres, était vraiment
mort, la pose d’un neuf était incontournable. Nous nous sommes vu tous les deux
remonter l’ancre à la main, maillon par maillon en 45 minutes, en sueur, en
s’aidant du moteur et de l’annexe, bref, pas viable. L’ancien guindeau était tellement en mauvais
état que son axe était voilé, le moteur gonflé par la rouille et l’électrolyse,
les vis oxydées et cassantes. Je n’ai pas eu le choix pour l’extraire que de le
marteler au burin jusqu'à ce qu’il tombe de lui-même. Poser le nouveau ensuite
ne donne pas envie de le recouvrir sa menuiserie tellement il parait joli! Et
avec lui les 50 mètres de chaine de 10 neufs et les 20 mètres de nylon
épissurés au 2 extrémités, la baille à mouillage à fière allure.
recâblage du nouveau, un régal pour Deb |
Un détail vient ternir le travail, le rouleau de davier
(sorte de gorge en téflon qui guide la chaine) est à changer, Patrick nous en
fait un nouveau avec son tour. Pendant ce temps nous démontons le davier car il
apparait qu’une petite fissure c’est formée dans une soudure et c’est cette
même pièce qui reçoit l’étai, câble essentiel au gréement, pas de rigolade avec
ca. Seulement pour libérer l’étai il faut détendre tout le gréement, c’est le
moment de réaliser la complexité de son réglage. C’est un gréement à barres de
flèches poussant sans patara, et mât cintré…
gréement pas banal... |
Enfin on termine les reprises de cadènes, la encore super coup de pouce d’un pote qui nous fait découper des platines en inox, plus qu’a les souder, un dernier réglage gréement (l’ultime se fera en nav sous voiles), et voilà!
Les dernières menuiseries trouvent leur place, les livres
aussi, les fringues aussi, les boites de conserves aussi, ca sent presque le
départ! Mais retournement de dernière minute, Ronan vient de réserver son vol
retour, on le retrouve rapidement avec un sac à dos chargé d’un magnifique
compas et d’un ordinateur qui trouvera sa place près des instruments, dédié à
la navigation. Les retrouvailles sont arrosées, on fête l’heureux-tour et on repart
à 3!
C’est le moment pour Deb de faire cavalier seul et de se
lancer dans la fabrication d’une tablette fourre tout et porte canette en teck
et alu, indispensable car les portes canettes existant ne permettaient de
stocker que 2 bières.
Et de bières on en débouche quelques unes pour nos
anniversaires. L’occasion de quelques folies, nous offrons rien de moins que 4
yaourts chacun! Denrée si chère... mais avec un gros bonus pour moi puisque je
me vois offrir un pupuhi (fusil harpon) digne de ce nom! Il faut au moins ca
pour oublier la pluie qui s’abat sur Taravao sans répis depuis plusieurs
semaines, au point de remplir nos cuves d’eau via le taud récupérateur, de
remplir l’annexe en une nuit, et de rendre le lagon marron.
Un temps à s’enfermer en écoutant Zoufris Maracas, si
on avait le temps….l'annexe pleine d'eau, écopage matinal |
ambiance camping en normandie |
tiens? une nouvelle fuite? |
Dernier point, sombre, délicat, difficulté accrue,
nécessitant une habilitation de niveau 99 pour le commun des bricoleurs, le
super pilote automatique NKE, centrale électronique de calcul, vérin
hydraulique, une magnifique machine! Une machine en panne… Après avoir contacté
les constructeurs qui nous aident bien on identifie 2 pannes électroniques en
périphérie du calculateur, 2 capteurs essentiels (donc hors de prix). Pour la
partie hydraulique le premier essai à fait éclater les durites rouillées sous
la pression. Fort de durites neuves on se lance dans la purge du vérin et là,
catastrophe, une vis casse net à ras du corps du vérin… très très très mauvaise
nouvelle, nous ne pouvons l’extraire, même avec des outils appropriés. Intervient
alors notre pote Super Terri qui grâce à quelques relations se propose de
présenter notre pièce à un spécialiste local. Il est question d’extraction à
l’azote… Quelques jours plus tard nous retrouvons notre vérin dans le même
état, la panne est trop grave, il faut bidouiller….. Damned. Grosse prise de
tête, brainstorming, tentatives, essais, avis du constructeur, nous finissons
nous même par établir un mode d’emploi pour la purge de notre vérin malade. En
shuntant l’électrovanne à des moments précis du fonctionnement et desserrant
des durites quand il faut, nous parvenons à extraire la majorité de l’air
emprisonnée dans le vérin. A peine suffisant pour nous, le constructeur est
confiant, le reste d’air devrait arriver à se purger seul grâce au vase
d’expansion. On croise les doigts.
Parallèlement les pièces électroniques commandée en
France sont en chemin, nous n’attendons plus qu’elles pour décoller.
bricolo et bricolette purgent un vérin hydraulique... |
la vis cassée |
Les copains sont déjà partis, tous font route vers les
Marquises, nous sommes les derniers sur le départ alors que ceux qui restent
coulent des corps morts prévus pour retenir le Titanic. On sent bien qu’il faut
partir vite, chaque jour de retard fait flipper, une grosse dépression
tropicale se forme aux Fidji, un ouragan se transforme en cyclone à Hawaii, à
qui le tour? Pendant ce temps une grosse masse d’eau chaude se rapproche,
pouvant potentiellement favoriser la création de cyclone…
Dans ces conditions nous lançons un préavis de rêve, une
fois l’ancre levée nous ne serons plus en mesure d’assurer les nouvelles depuis
Tahiti, cap vers l’aventure à la voile, le voyage pourra reprendre son cours
alors que nous nous apprêtons à célébrer nos 2 ans de baroude.
Bien sur nous ne manquerons pas de poster un petit
article pour le départ, après ca, rendez vous là bas !
Nous avons reçu beaucoup d’aide de toutes part pour en
arriver là, la liste n’est pas exhaustive, mais il nous faut remercier tous
ceux qui ont participé à l’armement d’Arumbaya, en tête nos deux mômans,
véritables ambassadrices en France, Yvan, Terri, Patrick, Gaël et Bertrand que
nous retrouverons aux Marquises, et tous ceux que j’ai honte d’avoir omis.
Votre aide est énorme, bienvenue à bord, quand vous voulez!!!
Waouw!! J'ai beau ne rien y connaître en mécanique navale ni en technique de navigation, je vous lis toujours avec autant de plaisir. Je suis impressionné par tant de talents! Bons vents à vous, soyez prudents.
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