mercredi 4 novembre 2015

Le bout du tunnel

 6 longs mois de travaux n’auront pas été vains, Arumbaya à retrouvé tous ses volumes, son équipement, son charme, il va vite arriver le temps de remplir les cales de vivres et de larguer le bout du corps mort.

Si seulement c’était aussi joyeux et simple que ca devrait l’être… Une douloureuse certitude doublée d’une inconfortable incertitude plane sur le Fenua… Désormais c’est acquis, l’anomalie El Nino atteint des records de précocité, les experts sonnent l’alarme, statistiques à l’appui : le risque de voir se créer des cyclones puissants dès novembre est fort. L’incertitude est : quelles seront leurs trajectoires?

Tout le monde n’a que ce mot à la bouche : CYCLONE. Chacun se prépare comme il peut, on attache les maisons, on double les corps morts, on fait des provisions de nourritures, de bouts, de chaines,…
Une ambiance un peu inconfortable pour nous, il faut être prêt à naviguer le plus vite possible, négliger les finitions pour avancer, redoubler d’ardeur à la tâche et enfin se prévoir un plan de navigation vers les abris théoriques : cap vers les Marquises.

On ne chôme pas donc, voici quelques grandes avancées en images sur les derniers travaux. Oui je sais vous préférez le blog lorsqu’il y est question de beaux paysages, de baleines et d’orpaillage, figurez vous que nous aussi, il est temps de changer d’activité, la motivation décline au même rythme que le contenu du coffre au trésor qui nous a permis cette aventure.

Depuis que Ronan est parti il a bien fallu se remettre à la tâche, à commencer par la sellerie, intégralement cuite. Celle du carré à été confiée à une boite de confection sur mesure, tissus étanches, super boulot! Pour celle des cabines on a mis la main à la patte en passant par l’acquisition d’une machine à coudre. Résultat correct pour une première en combinant les savoirs de couturière de Deb et mes connaissances en chaudronnerie.






Depuis le temps que l’énergie nous manque on a finit par s’y coller, création d’un nouveau parc à batterie, mieux disposé au niveau équilibre du bateau, et pourvu de batteries à faire pâlir tous les camping-caristes. Bref, autonomie assurée!


30 éléments de 1,2V, c'est beau!

Tant qu’a être dans l’autonomie on visite la cuve d’eau en créant la trappe de visite. Ne croyez pas que deb a été amputée d’un avant bras, disons que c’est la seule à pouvoir passer le bras par la trappe pour retirer la boue. Pour la révision et la mise en service d’au moins un des deux désalinisateurs on attendra les Marquises.



une vieille truelle et une chambre à air : une trappe de visite

Notre maison nous servant encore d’atelier on ne peut pas passer à coté des fruits qui pullulent dans le jardin, surtout les caramboles. On s’accorde une demi-journée pour faire le stock de confitures, on en partage avec les amis en bateau qui préparent déjà leurs traversées vers les Marquises, certains sont déjà partis depuis plus d’un mois, ca nous rappelle à l’ordre, on retourne au boulot!!!


Autonomie toujours, vu le prix des recharges de camping gaz on pense sérieusement à embarquer une 13kg, mais si nombre de voileux tolèrent de voir pisser de rouille leurs bouteilles sur la jupe, on ne peut décemment pas imposer ca à Arumbaya! Pas d’cheu dans mon canot’!

Seule solution, faire du tunning à partir du petit coffre existant. On s’est bien creusé la cervelle, entaillage du coffre, création d’un moule, cirage du dernier et enfin 6h de strat non stop. Petit détail en ce qui concerne la cire de démoulage vendue une fortune dans le commerce, on a tenté la cire à chaussure, 16 fois moins chère, résultat impeccable, démoulage intact! J’espère que ca servira à un lecteur!

le parc à gaz d'origine

débit du soji pour le moule

roulage et collage, chercher l'erreur... 


moule terminé

une bonne épaisseur de strat par dessus

démoulage super, plus qu'à peindre.

La soute à voile qui était encombrée par l’ancien parc à batterie couvert d’électrolyse retrouve un volume intéressant, pourtant méfiance, son remplissage intervient directement sur la gite.



Enfin, voici venu le temps de la dépose du moteur, tant attendue!!!
Nous avions réservé cette opération pour Patrick, le mécano de la marina. Il se sera passé 3 semaines entre ce moment et le retour du moteur à bord. L’engin à été gratté de toute sa rouille et repeint, on dirait qu’il est neuf! Hélas les disponibilités de notre homme n’aura pas permis la grande révision espérée, on se la réserve aussi pour les Marquises…

en premier : trappes d'accès par le coté,
plus pratique!

on ne peut que constater l'état de rouille du moteur


c'est parti, un palant sur la bôme, chaud devant

Et 3 semaine plus tard, le retour


Alors?????


Le chantier du guindeau était très attendu lui aussi. Je ne pourrai passer à coté du super coup de pouce des anciens propriétaires qui font vraiment leur maximum pour que la remise en état se déroule au mieux, notamment en fournissant un guindeau neuf pour une poignée de sous. Un grand merci à eux! Et aussi à Ronan, devenu ambazardeur arumbayen en France, acheminant le matériel via la poste en tentant de nous épargner les douloureuses taxes douanières. Presque réussi, nous avons bien fini par être confronté à l’autorité en y laissant quelques plumes… Ceci étant pour la parenthèse je déplore les techniques douanières locales estimant eux-même les valeurs des colis (à la hausse bien sur) et qui pour sceller notre accord (pas le choix) nous font remplir un faux document sur l’honneur de l’expéditeur, paraphé de la fausse signature de ce dernier…

Le guideau donc, ce moteur électrique qui permet de remonter l’ancre sans y laisser quelques précieuses vertèbres, était vraiment mort, la pose d’un neuf était incontournable. Nous nous sommes vu tous les deux remonter l’ancre à la main, maillon par maillon en 45 minutes, en sueur, en s’aidant du moteur et de l’annexe, bref, pas viable.  L’ancien guindeau était tellement en mauvais état que son axe était voilé, le moteur gonflé par la rouille et l’électrolyse, les vis oxydées et cassantes. Je n’ai pas eu le choix pour l’extraire que de le marteler au burin jusqu'à ce qu’il tombe de lui-même. Poser le nouveau ensuite ne donne pas envie de le recouvrir sa menuiserie tellement il parait joli! Et avec lui les 50 mètres de chaine de 10 neufs et les 20 mètres de nylon épissurés au 2 extrémités, la baille à mouillage à fière allure. 




recâblage du nouveau, un régal pour Deb

Un détail vient ternir le travail, le rouleau de davier (sorte de gorge en téflon qui guide la chaine) est à changer, Patrick nous en fait un nouveau avec son tour. Pendant ce temps nous démontons le davier car il apparait qu’une petite fissure c’est formée dans une soudure et c’est cette même pièce qui reçoit l’étai, câble essentiel au gréement, pas de rigolade avec ca. Seulement pour libérer l’étai il faut détendre tout le gréement, c’est le moment de réaliser la complexité de son réglage. C’est un gréement à barres de flèches poussant sans patara, et mât cintré… 




gréement pas banal...

Enfin on termine les reprises de cadènes, la encore super coup de pouce d’un pote qui nous fait découper des platines en inox, plus qu’a les souder, un dernier réglage gréement (l’ultime se fera en nav sous voiles), et voilà!

Les dernières menuiseries trouvent leur place, les livres aussi, les fringues aussi, les boites de conserves aussi, ca sent presque le départ! Mais retournement de dernière minute, Ronan vient de réserver son vol retour, on le retrouve rapidement avec un sac à dos chargé d’un magnifique compas et d’un ordinateur qui trouvera sa place près des instruments, dédié à la navigation. Les retrouvailles sont arrosées, on fête l’heureux-tour et on repart à 3!


C’est le moment pour Deb de faire cavalier seul et de se lancer dans la fabrication d’une tablette fourre tout et porte canette en teck et alu, indispensable car les portes canettes existant ne permettaient de stocker que 2 bières.



Et de bières on en débouche quelques unes pour nos anniversaires. L’occasion de quelques folies, nous offrons rien de moins que 4 yaourts chacun! Denrée si chère... mais avec un gros bonus pour moi puisque je me vois offrir un pupuhi (fusil harpon) digne de ce nom! Il faut au moins ca pour oublier la pluie qui s’abat sur Taravao sans répis depuis plusieurs semaines, au point de remplir nos cuves d’eau via le taud récupérateur, de remplir l’annexe en une nuit, et de rendre le lagon marron.
Un temps à s’enfermer en écoutant Zoufris Maracas, si on avait le temps….


l'annexe pleine d'eau, écopage matinal

ambiance camping en normandie

tiens? une nouvelle fuite?

Dernier point, sombre, délicat, difficulté accrue, nécessitant une habilitation de niveau 99 pour le commun des bricoleurs, le super pilote automatique NKE, centrale électronique de calcul, vérin hydraulique, une magnifique machine! Une machine en panne… Après avoir contacté les constructeurs qui nous aident bien on identifie 2 pannes électroniques en périphérie du calculateur, 2 capteurs essentiels (donc hors de prix). Pour la partie hydraulique le premier essai à fait éclater les durites rouillées sous la pression. Fort de durites neuves on se lance dans la purge du vérin et là, catastrophe, une vis casse net à ras du corps du vérin… très très très mauvaise nouvelle, nous ne pouvons l’extraire, même avec des outils appropriés. Intervient alors notre pote Super Terri qui grâce à quelques relations se propose de présenter notre pièce à un spécialiste local. Il est question d’extraction à l’azote… Quelques jours plus tard nous retrouvons notre vérin dans le même état, la panne est trop grave, il faut bidouiller….. Damned. Grosse prise de tête, brainstorming, tentatives, essais, avis du constructeur, nous finissons nous même par établir un mode d’emploi pour la purge de notre vérin malade. En shuntant l’électrovanne à des moments précis du fonctionnement et desserrant des durites quand il faut, nous parvenons à extraire la majorité de l’air emprisonnée dans le vérin. A peine suffisant pour nous, le constructeur est confiant, le reste d’air devrait arriver à se purger seul grâce au vase d’expansion. On croise les doigts.

Parallèlement les pièces électroniques commandée en France sont en chemin, nous n’attendons plus qu’elles pour décoller.

bricolo et bricolette purgent un vérin hydraulique...

la vis cassée

Les copains sont déjà partis, tous font route vers les Marquises, nous sommes les derniers sur le départ alors que ceux qui restent coulent des corps morts prévus pour retenir le Titanic. On sent bien qu’il faut partir vite, chaque jour de retard fait flipper, une grosse dépression tropicale se forme aux Fidji, un ouragan se transforme en cyclone à Hawaii, à qui le tour? Pendant ce temps une grosse masse d’eau chaude se rapproche, pouvant potentiellement favoriser la création de cyclone…

Dans ces conditions nous lançons un préavis de rêve, une fois l’ancre levée nous ne serons plus en mesure d’assurer les nouvelles depuis Tahiti, cap vers l’aventure à la voile, le voyage pourra reprendre son cours alors que nous nous apprêtons à célébrer nos 2 ans de baroude.


Bien sur nous ne manquerons pas de poster un petit article pour le départ, après ca, rendez vous là bas !







Nous avons reçu beaucoup d’aide de toutes part pour en arriver là, la liste n’est pas exhaustive, mais il nous faut remercier tous ceux qui ont participé à l’armement d’Arumbaya, en tête nos deux mômans, véritables ambassadrices en France, Yvan, Terri, Patrick, Gaël et Bertrand que nous retrouverons aux Marquises, et tous ceux que j’ai honte d’avoir omis. Votre aide est énorme, bienvenue à bord, quand vous voulez!!!

1 commentaire:

  1. Waouw!! J'ai beau ne rien y connaître en mécanique navale ni en technique de navigation, je vous lis toujours avec autant de plaisir. Je suis impressionné par tant de talents! Bons vents à vous, soyez prudents.

    RépondreSupprimer