Matavaa o te Fenua Enata : rassemblement culturel de
la Terre des Hommes, nom de cette édition 2015 du festival des arts
Marquisiens.
Il nous reste un peu de temps avant le début du festival,
on ne se fait pas prier pour une excursion de quelques jours à Tahuata, l’île
voisine réputée pour ses petites baies inhabitées offrant des plages de sable
blanc. Ronan ayant déjà réservé son billet retour pour la France avant les
fêtes, c’est un peu sa dernière « escale loisir », au
programme : baignade, chasse, poisson cru au lait de coco et rebaignade,
rechasse, rebouffe! On en profite au maximum, grâce à un profondimètre on peut
enfin mesurer nos descentes en apnée, je suis dépassé, Ronan éclate les records,
là ou je peine à atteindre un petit 17m, Ronan est scotché au fond et prend le
temps de quelques clichés à 18m… mon copain d’apprentissage va me manquer!
Enfin, il nous reste encore du temps à passer ensemble, retour à Hiva Oa,
Matavaa o te Fenua Enata!
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même Deb se fait de belles apnées |
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le rouget armé, cible gentille |
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pause coco sur la plage |
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jolie prise : le fana. Domage, risque de
ciguatera, on ne le mangera pas... |
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voilà le décor à 18m |
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Et la surface vue du fond, on me voit là haut |
Arumbaya mouille à l’exterieur du port, ce dernier est déjà
rempli, deux bateaux de la marine nationale tentent de réguler les accès et les
mouillages pour les plaisanciers qui affluent en gardant de la place pour les
manœuvres des bateaux de délégations ainsi que pour l’Aranui 5, gros paquebot
de croisière en voyage inaugural. Nous sommes brassés par la houle là ou nous
nous trouvons, qu’importe notre amarinage est au point. Les ancres sont jetées
très proches les unes des autres pour que chacun trouvent sa place, les rayons
d’évitement sont serrés, notre voisin décide malgré tout de mouiller sur 2
ancres, tentative de courte durée, cette modification fera se rencontrer nos
bateaux, heureusement aucun dégât!
Deb et moi sommes embauché quelques jours sur un chantier avec des locaux pour faire de la finition en batiment : pose de bandes de placo, peintures, pose de parquet... Super ambiance, ca fait un peu d'argent de poche pour le festival.
Lorsqu’on arrive à Hiva Oa en voilier il faut débarquer
en annexe au port et parcourir environ 4 km à pied jusqu’au cœur du village.
Pour peu que l’on soit chargé de quelques sacs encombrant les locaux s’arrêtent
volontiers à notre hauteur pour nous embarquer dans les bennes de leurs 4x4
puis nous déposent en nous gratifiant d’un « bienvenue en terre des hommes ».
C’est de cette manière que j’ai découvert le nom dialectal des îles Marquises,
deux jours avant le début du festival qui allait nous mettre les sens en éveil,
à la découverte des traditions de la terre des hommes.
Ronan à déjà séjourné pas mal de temps ici à Atuona
lorsqu’il rejoignait Anna l’année dernière, nous faisons donc la rencontre de
ses amis, en autre Julie et Julien (dit les jul’) et Vincent (personnage autant
sympathique qu’énergique, la trentaine, déjà mécano hélico et avion, pilote,
papa, propriétaire d’une maison géniale et en pleine création d’une station de
carénage pour voiliers). Nous retrouvons aussi des amis navigateurs solitaires
très chers que nous croisons depuis Taravao : Gael et Bertrand. Ajoutons à
cela une joyeuse équipe de skippers et équipiers convoyant 3 catas neufs depuis
les Sables d’Olonne et qui viennent juste d’arriver, l’ambiance est
chaleureuse!
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petit délire de coiffure à l'approche des fêtes |
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Bertrand s'y colle aussi sans passer par la tondeuse |
4 jours de festivités au programme, on se promet de ne
pas en perdre une miette et ca commence dans l’après midi du 16 décembre, une
fois passé les interminables congratulations, cadeaux et discours des officiels
aux officiels, le ton est donné par le défilé des 11 délégations. Sur la
pelouse du stade les couleurs des costumes des 250 danseurs (chiffres non
officiels, estimation personnelle) prennent vie, les chants commencent à monter
puis les pahus (tambours) se superposent, c’est parti pour 4 jours.
Les costumes sont délirant, selon les délégations on
passe de la parure en feuillage à celle de plume en passant par les tapa
(tissus d’écorces). Les corps quasi nus (le string végétal est de rigueur pour
les messieurs) sont couverts de tatouages et de peintures, chaque extrémité du
corps est ornée de colliers ou de bracelets en feuillage ou os, dents et même
mâchoires de cochon. Les hommes aux pahus sont également décorés, ils frappent
comme des marteaux sur ces tambours démesurément hauts, pour permettre à
certain de jouer il faut monter sur des tabourets.
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les pahus |
Les danses traditionnelles sont généralement montées sur
le même schéma, une meneuse chante en solo pour introduire les danseurs et
danseuses qui se mettent en place sans se mélanger et entament leur chant en
chœur suivit des percussions. Bien sur je ne saisi pas grand-chose du sens des
paroles marquisiennes mais l’alternance est marquée comme si les hommes
répondaient aux femmes, échanges ponctués par les sons de corne de brume émis
par les « souffleurs de coquillages ».
C’est très difficile à décrire comme ambiance, bien sur
le décor aide, on danse dans des lieux sacrés décorés de sculptures, mais les
prestations n’ont rien à voir avec un banal défilé ou concert, c’est une authentique
cérémonie culturelle ancrée dans les gènes. Toute l’île est présente, est fière
de sa culture, de ses origines, une vraie leçon d’unité et d’identité qui à une
part énorme dans le ressentit du spectateur. Souvent pendant des spectacles je
me suis vu la gorge serrée et les poils dressés, je crois bien qu’on était
nombreux dans ce cas là!
Deux délégations sont sorties du lot à mes yeux, celle de
Ua Pou et de Nuku Hiva.
Ua Pou est manifestement une île ou le cannibalisme était
courant, c’est très curieux de le découvrir à travers une danse mettant en
scène l’arrivée des missionnaires puis la dégustation de ceux-ci. Chapeau bas à
cette prestation appelée Kakaya : danse des cannibales.
Nuku Hiva à fait très fort également, des costumes très
riches, mais surtout des chants emmenant le public assez loin au niveau
émotionnel, notamment lors de la danse de l’oiseau, certainement la plus belle
du festival ou quelques danseurs et danseuses choisies (Lauranne en fait
partie) entament une chorégraphie au milieu des chants et des pahus en transe,
représentant avec élégance des couples d’oiseaux jouant au jeu de la séduction.
Impossible de vous l’imaginer sans l’avoir vu avant!!!
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Ua pou : Kakaya |
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Nuku Hiva : la danse de l'oiseau |
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Laurane en oiseau |
Plusieurs sites sacrés sont mis à l’honneur. Nous
n’auront la chance d’en voir que 2, le troisième étant à 1h30 de piste et
l’organisation ne permettant de mettre qu’un car et 5 minibus à la disposition
des milliers de spectateurs, nous renonçons. Lorsque qu’un site est
« ouvert » aux danses on pratique une cérémonie d’ouverture puis de
fermeture, le Ha’ame’ie, marquant ainsi le puissant respect des traditions et
des ancêtres. Si le site principal, le Marae d’Atuona qui malgré les gradins en
pierres sculptées et les Tikis exposés tout autour, parait « grand
public » avec ses lampadaires, celui de Taaoa en revanche respire
profondément l’histoire. Une histoire bien préservée dans un site sacré, en
pleine nature, c’est très fort.
Parallèlement à toutes ces représentations les arts
traditionnels sont à l’honneur, un petit village artisanal à été monté pour
exposer les sculptures sur bois, pierre, os, les perles et les graines montées
en bijoux, les dessins sur tapas, les tatoueurs qui immortalisent devant le
public les courbes traditionnelles sur les corps,… On peut également gouter aux plats
traditionnels car chaque délégation à préparé un gigantesque festin le temps
d’un KaiKai Katahi (repas communautaire) ou l’on peut déguster les plats cru de poissons et fruits de mer, de
la raie, du requin, des légumes et des fruits en pagaille et surtout les
cochons, chèvres et bœufs menés fumants au milieu des gens par des porteurs en
costume, tout juste sortis du umu tao, le four marquisien ou les aliments sont
cuits enterrés dans des feuilles de bananes.
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sculpture sur os et dents |
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graines sculptées |
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les tapas : tissus d'écorce peints |
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le repas communautaire |
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on mange dans des assiettes en feuilles
de coco tressées |
Les journées de festival vont trop vite, on en prend
plein les sens, le rythme est soutenu car les représentations s’étirent dans la
nuit alors que celles du matin débutent tôt. Nous enchainons les kilomètres
parcourus à pied et les allers-retours au bateau. Les représentations se
suivent dans la chaleur, des danses guerrières, des danses de séductions, des
passages de troupes professionnelles invitées ou encore de troupe de l’île de
Pâques. A chaque fois la magie opère, je suis scié de l’énergie mise en œuvre
par les participants qui sont tous à la fois amateurs, danseurs, chanteurs,
costumiers, organisateurs, chorégraphe, metteur en scène, maquilleurs,…
La dernière journée est organisée en mêlant les délégations
dans le Marae. Comme à l’accoutumée on laisse le micro aux officiels pendant
une longue heure, c’est presque plus difficile à encaisser que le soleil qui
chauffe les crânes des spectateurs impuissants… c’est la règle… Puis vient le
dernier tour de piste de toutes les personnes qui nous offert ce spectacle, une
dernière fois la transe colorée de cœurs et de pahus à fait vibrer le public
avant d’entamer la cérémonie de clôture du site, Atuona va bientôt retrouver
son calme en passant le flambeau à Ua Pou pour le rendez vous dans 4 ans.
Nous avons vraiment pris un pied énorme pendant ces 4
jours, je souhaite à qui en a la chance d’y participer un jour, en espérant que
ce dévouement pour le respect de la culture perdure, pour cela je fais
entièrement confiance aux marquisiens.
Une journée de repos est nécessaire, pourtant on ne
parviendra pas à l’atteindre, le groupe d’amis avec qui nous avons partagé ces derniers jours est
tellement motivé que les activités fusent. On alterne entre paddle tracté, nage
avec les raies Manta, pêche sous marine, pêche nocturne à la langouste en prévision
des fêtes et surtout…….. l’avion. Ronan nous embarque dans cette folle aventure
avec son pote Vincent, le pilote, qui nous emmène faire un petit tour dans les
airs avec son coucou. Super sensations et rigolade, on ressent vraiment tous
les effets de l’air dans cette petite carlingue, Ronan à eu la chance d’être
assis à la place du copilote dans la répartition des poids, il aura donc le
privilège de piloter quelques instants.
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Vincent |
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Ronan est aux commanbes |
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le canal du bordelais qui sépare Tahuata d'Hiva Oa |
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A force de virages serrés et descentes surprises
Deb commence à douter d'elle même... |
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Hotel Victor en approche pour la finale sur le 0-2...
charabia... |
En regagnant la terre ferme on comprend que c’est à cet
endroit et dans quelques heures seulement que Ronan redécollera pour de bon. Ca
ne nous rend pas du tout jouasse, lui aussi est triste de quitter cette
aventure mais son esprit est déjà en France au cotés d’Anna, de sa sœur et de
sa famille en général. Il est partit au matin du 24 décembre, passager sur un
scooter surchargé direction l’aéroport. Emouvant adieux, Bertrand venu saluer
notre ami est chargé de nous consoler, il rempli ce rôle à merveille et dans
l’heure qui suit nous naviguons bord à bord, lui à embarqué Julien, Julie et sa
mère, de notre coté nous embarquons Pamela, collègue médecin de Julien,
direction Tahuata ou nous retrouverons Gael qui mouille déjà là bas, pour 4
jours de détente, ambiance noël au soleil…
Arumbaya (gauche) et El Vadrouil' (droite)
Programme : orgie de bonne bouffe! La première
journée est intégralement destinée à la pêche, diurne pour le poisson et
nocturne pour la langouste. Bertrand et Gael sont des chasseurs redoutables,
tenant de longues minutes en agachon (position fixe dans le décor sous marin)
par 13m de fond. Plusieurs poissons dont de belles carangues et becs de cannes
au menu, un vrai festin, grillé ou cru! Ajoutons à cela un peu de kayak, des
apéros flottant, des journées plage (dont nous sommes les seuls occupants), pic
nic à base de poisson grillé, uru, tressage d’assiettes dans des feuilles de
coco, baignades intensives, rugby coco, kubb coco, pétanque coco,…
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Gael, maîtrise totale du surf tracté, beau gosse! |
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Julien à eu le plus gros bec de canne |
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Bertrand vise du gros et du bon : carangue |
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oursin crayon |
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tressage des asiettes |
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a table, joyeux noel!!! |
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Juile, Pamela et Deb |
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Kubb coco |
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pétanque coco |
En bref noël est passé très vite, cette ressourçade à
vraiment fait du bien, décidément notre rythme de vie en ce moment nous donne
encore envie de continuer comme ça un bon moment! Déjà des pistes de programmes
voient le jour, l’ami Bertrand est vraiment de bonne compagnie, on va surement
naviguer bord à bord quelques temps encore et rejoindre l’ami Gael souvent
aussi…
Avec tout ça je n’ai plus beaucoup de temps pour
m’occuper de donner des nouvelles, j’espère que vous n’en tiendrez pas rigueur.
Bonnes fêtes à tous, des gros bisous des Marquises, en
espérant vous y voir un jour!
PS : rappel concernant les messages sur le blog (je pense à Baptiste et Gibou), on peut pas vous répondre via la messagerie (pas d'adresse mail), vous pouvez écrire directement à tob@live.fr
Que 2016 vous apporte autant de satisfaction et de belles découvertes ! Bon réveillon.
RépondreSupprimerCool les aventures!! j'en connais une qui a du grave kiffer le festival ^^ profitez bien. bizz
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