On quitte le petit port de Sidi, barre au 270, moteur à 2500
tours, les voiles bien repliées, pas un souffle d’air…
Notre départ était houleux, le relationnel avec les
autorités et le chef de la capitainerie en a pris un coup, il faut dire que
pour une heure de retard sur notre départ nous nous sommes vu payer 24 heures
supplémentaires de frais de port, heure que l’on a passée (en vain) à tenter de
récupérer nos passeports. Après tout la
machine est bien huilée, on est au Maroc,
ça fait partie des petites combines sur lesquelles il ne faut pas
s’attarder, même si on se fait enfiler c’est avec le sourire et dans la bonne
humeur, la négociation ne se gagne pas en montant dans les tours… C’est
justement LA spécialité du capitaine,
surtout en face des uniformes, déferlement d’injures et de propos très limites,
nous intervenons en nous excusant, honte sur nous…
A priori les vents se lèveront après la nuit, en
attendant on consomme du gasoil. Je prends le premier quart avec Cedric afin de
faire connaissance, encore un équipier très sympa, c’est certainement le plus
qualifié à bord en matière de navigation, je ne résiste pas à lui faire part de
toutes nos mésaventures. Après en avoir rigolé nous pensons quand même que
l’équipage du Mondrian est un peu limite en terme d’expérience, jusque là nous
avons toujours joué prudemment, il nous manque cruellement de météo et d’autonomie,
d’ailleurs nous mettons cap aux Canaries sans la moindre carte marine détaillée…
Les discussions vont bon train, tout le monde sauf nous deux
dort, et paf, nouveau problème, au bout de 3 heures de moteur les vis de
l’alternateur cèdent à nouveau. Il nous cause deux ennuis majeur, le premier
c’est que nous sommes partis pour 180 milles (ouf c’est pas énorme) et que sans
moteur notre autonomie est mise à mal, il va falloir tenir la barre non stop
afin de ne pas utiliser le pilote auto. Ensuite cette panne n’est pas anodine,
nous connaissons depuis longtemps notre problème d’autonomie, l’alternateur est
malade, l’éolien et le solaire ne fournissent pas assez, et j’ai signalé depuis
notre première escale de graves anomalies dans le circuit électrique, comme de
la corrosion galvanique dans certains câblages… Alertes toujours prises avec
légèreté, maintenant c’est clair nous n’irons pas plus loin que les Canaries si
les travaux nécessaires ne sont entrepris!
Je vous laisse imaginer l’ambiance à bord, maintenant c’est
Cedric qui se demande ce qu’il fout là. Nous commençons les quarts, en binômes
pour se relayer à la barre, 2 heures de quart pour 3 de repos, parfait pour
broyer du noir. Heureusement au bout de 48h nous sommes déjà en vue de l’île de
Lanzarote, nous passons la première soirée au mouillage à coté d’authentiques
loups de mer dont le physique en dit long sur les milles parcourus. Un article
sera consacré à ces gens et leurs navires!
Lanzarote est l’île la plus a l’est de l’archipel des
Canaries, c’est une île volcanique, complètement pelée, en attendant de prendre
le temps de partir en excursion nous déposons le bateau à la marina d’Areicife
et abandonnons Philippe à ses responsabilités, le bateau mérite une grande
révision.
Nous quittons le bord tous les 4, l’ambiance n’est pas
vraiment au beau fixe, une réunion au sommet se prépare…
Areicife, le 25 novembre.
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